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L’histoire de la Rédemption
Le Christ s’est substitué à nous, il a porté l’iniquité de tous. Il a
été mis au nombre des transgresseurs, afin de pouvoir nous racheter
de la condamnation de la loi. La culpabilité de tous les descendants
d’Adam pesait sur son cœur ; l’effroyable manifestation de la co-
lère que Dieu éprouve envers le péché remplissait de consternation
l’âme de Jésus. En cette heure d’angoisse suprême, l’éloignement
de la présence divine remplit le cœur du Sauveur d’une détresse
que l’homme ne comprendra jamais totalement. Chaque souffrance
endurée par le Fils de Dieu sur la croix — les gouttes de sang qui ont
coulé de sa tête, de ses mains et de ses pieds, les hoquets de l’agonie
qui ont secoué son corps et l’effroi indicible qui a rempli son être
lorsque le Père lui a caché sa face — tout cela parle à l’homme :
C’est par amour pour toi que le Fils de Dieu a consenti à prendre
sur lui ce fardeau de culpabilité ; c’est pour toi qu’il a dépouillé la
mort, qu’il a ouvert les portes du paradis et de la vie éternelle. Lui
qui a calmé par sa parole les flots irrités, qui a marché sur les vagues
écumantes, qui a fait trembler les démons, qui de sa main a guéri les
maladies, ressuscité les morts, ouvert les yeux des aveugles, s’est
offert volontairement sur la croix comme l’ultime sacrifice pour les
humains. Il a porté le péché, a subi le châtiment de la justice divine
et s’est fait lui-même péché pour l’homme.
Satan assiégeait le cœur de Jésus de ses tentations redoutables.
Le péché, si odieux à ses yeux, le submergea au point qu’il gémit
sous son poids. Rien d’étonnant que son humanité frémit en cette
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heure tragique. Les anges assistaient avec étonnement à l’agonie
morale du Fils de Dieu qui était si intense qu’il ressentait à peine
ses souffrances physiques. Les habitants du ciel se voilèrent la face
devant cet horrible spectacle.
La nature elle-même compatissait avec son Auteur maltraité et
mourant. Le soleil refusait d’éclairer une scène aussi atroce. En plein
midi, alors qu’il illuminait la terre de tous ses feux, l’astre sembla
disparaître soudain, et une obscurité totale enveloppa la croix et ce
qui l’entourait comme dans un suaire. Les ténèbres durèrent trois
heures ; à la neuvième heure, elles se dissipèrent au-dessus de la
foule, mais elles continuèrent à envelopper le Sauveur comme dans
un manteau. Des éclairs menaçants paraissaient viser Celui qui était
suspendu à la croix. Alors “Jésus cria d’une voix forte : Eloï, Eloï,