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Le commerce des boissons alcooliques
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Les lois sur les licences
Certains prétendent que les licences auxquelles le commerce des
liqueurs est soumis tendent à diminuer les ravages de l’alcoolisme.
Mais elles placent au contraire ce commerce sous la protection de
la loi. L’Etat sanctionne ainsi son existence et encourage le mal
qu’il prétend supprimer. Grâce à ces licences, des brasseries et des
distilleries s’installent partout, et le marchand de boissons a le droit
d’exercer son commerce à notre porte.
Il est défendu, il est vrai, de servir à boire à un homme en état
d’ébriété ou connu comme ivrogne. Mais cela n’empêche pas de
recruter des ivrognes parmi la jeunesse. L’avenir de la corporation
exige qu’on éveille en elle le goût des boissons alcoolisées. On
emploie donc tous les moyens possibles pour amener les jeunes à
contracter l’habitude de boire qu’il faudra ensuite satisfaire à tout
prix. Il serait moins dangereux, bien souvent, de donner à boire à un
ivrogne invétéré, dont la ruine est déjà consommée, que de risquer
de perdre la fleur de notre jeunesse.
L’autorisation officielle de vendre des boissons alcoolisées est
une tentation constante pour ceux qui voudraient s’amender. On a
fondé des institutions pour aider les victimes de l’intempérance à
se relever. C’est une noble entreprise. Mais aussi longtemps que la
loi sanctionnera la vente de l’alcool, ces institutions rendront peu de
services aux buveurs. Ne pouvant y rester toujours, le moment vient
où ils doivent reprendre leur place dans la société. On leur a appris à
dominer leur penchant pour les boissons alcoolisées, mais ce désir
n’a pas disparu complètement. Lorsque ces personnes sont assaillies
par la tentation, qui se présente de tous côtés, elles succombent des
plus facilement.
Celui qui possède un animal dangereux et qui le laisse en liberté
est responsable devant la loi de tous les méfaits qu’il peut commettre.
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Chez les Israélites, les lois données par l’Eternel prescrivaient que
si une bête reconnue vicieuse causait la mort d’un homme, le pro-
priétaire était mis à mort ; c’était le prix de sa négligence et de sa
malveillance. Si l’on suivait le même principe, l’Etat qui donne des
licences aux marchands de boissons alcoolisées devrait être tenu
responsable des résultats de ce trafic. Si le fait de laisser en liberté
un animal dangereux était un crime passible de mort, que faut-il dire