Page 68 - Vers un meilleur Avenir (2000)

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Vers un meilleur Avenir
expérience vivante, accepteront les formes d’une piété dépourvue de
force morale. C’est là, du reste, la religion qui plaît à la multitude.
Pratiques bâtardes
La prétention de l’Eglise au droit de pardonner est pour beaucoup
d’âmes un encouragement au péché. La confession, sans laquelle
elle n’accorde pas son pardon, tend également à autoriser le mal.
Celui qui fléchit les genoux devant un homme pécheur et lui révèle
les pensées et les secrètes fantaisies de son cœur dégrade sa virilité
et avilit les instincts les plus nobles de son âme. En dévoilant les
péchés de sa vie à un prêtre, c’est-à-dire à un mortel sujet à l’erreur
— quand il n’est pas adonné au vin et à l’impureté — l’homme
échange sa noblesse morale contre une flétrissure. Et comme le
prêtre est pour lui le représentant de la divinité, son idée de Dieu est
ravalée au niveau de l’humanité.
Cette confession dégradante d’homme à homme est la source
cachée d’une bonne partie des maux qui affligent le monde et le
mûrissent pour sa destruction finale. Néanmoins, pour celui qui aime
ses vices, il est plus agréable de se confesser à un mortel comme
lui que d’ouvrir son cœur à Dieu. La nature humaine préfère subir
une pénitence plutôt que d’abandonner le péché ; il est plus facile
de mortifier sa chair par le cilice et les chardons que de crucifier ses
passions. Le cœur naturel préférera bien des jougs blessants à celui
de Jésus-Christ.
Il y a une ressemblance frappante entre l’Eglise de Rome et
le judaïsme des jours de Jésus. Bien que foulant secrètement aux
pieds tous les principes de la loi divine, les Juifs en observaient
rigoureusement les préceptes extérieurs qu’ils surchargeaient de
pratiques et de traditions d’une observance pénible et tracassière. De
même que les Juifs se disaient respectueux de la loi, de même les
romanistes prétendent l’être de la croix. Ils glorifient le symbole des
souffrances de Jésus-Christ tout en reniant par leur vie celui qui est
représenté par ce symbole.
Les catholiques placent des croix sur leurs églises, sur leurs autels
et sur leurs vêtements. Partout la croix du Sauveur est visiblement
honorée et révérée, tandis que ses enseignements sont ensevelis sous