Page 108 - Heureux ceux qui (1995)

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Heureux ceux qui
plus large, mais elle mène à la perdition. Si vous consentez à gravir
le sentier de la vie spirituelle, vous vous élèverez sans cesse, car il
monte, mais vous serez avec le petit nombre, car la multitude suit le
chemin qui descend.
La route qui mène à la mort est assez large pour que l’humanité
y chemine avec son esprit mondain et intéressé, son orgueil, son im-
probité et sa déchéance morale. Toutes les opinions et les doctrines
humaines y ont leur place. On peut y suivre ses propres inclinations
et satisfaire les exigences de son égoïsme. Inutile de chercher lon-
guement sa route, car la porte est large, le chemin spacieux, et c’est
naturellement que les pas s’y engagent.
Mais le chemin qui mène à la vie est resserré et la porte en est
étroite. Si vous entretenez quelque péché secret, vous vous aperce-
vrez que l’entrée est trop exiguë pour vous et lui. Si vous voulez
suivre le chemin du Seigneur, il vous faudra abandonner vos propres
goûts, vos désirs et vos mauvaises habitudes. Celui qui veut servir
le Christ ne peut se conformer aux principes du monde, ni vivre en
prenant celui-ci comme modèle. Le chemin du ciel est trop étroit
pour que l’on puisse s’y encombrer de richesses ou de titres ou pour
y entretenir des ambitions égoïstes ; il est trop raide et trop pierreux
aussi pour ceux que l’effort rebute. Les fatigues, la douceur et la
patience, le renoncement personnel, la pauvreté, l’opposition et l’op-
probre, telle fut la part du Seigneur et telle doit être aussi la nôtre si
nous voulons entrer dans le paradis de Dieu.
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N’allons pas, cependant, en conclure que le chemin qui monte
est pénible et que celui qui descend est agréable. La route qui mène
à la mort est semée de souffrances, de châtiments, de chagrins et de
déceptions qui sont autant d’invitations à revenir en arrière.
L’amour de Dieu a voulu rendre le chemin de la destruction
pénible aux insouciants et aux entêtés. Il est vrai que le chemin de
Satan paraît séduisant, mais ce n’est qu’une illusion, car il abonde
en remords amers et en soucis dévorants. Le monde et ses ambitions
peuvent exercer un certain attrait sur nous, mais ils n’apportent, en
fin de compte, que douleurs et chagrins. Des projets intéressés et
personnels peuvent offrir des perspectives flatteuses à notre amour-
propre ou nous donner l’espoir de certaines jouissances, mais nous
aurons tôt fait de découvrir que notre bonheur est empoisonné et
qu’en réalité l’égoïsme remplit la vie d’amertume. Le chemin qui