Page 62 - Heureux ceux qui (1995)

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Heureux ceux qui
qu’ils prouveraient la supériorité de leurs principes sur ceux des
publicains et des pécheurs qu’ils méprisaient.
Jésus présente à ses auditeurs celui qui règne sur l’univers sous
le nouveau nom de “notre Père”. Il voulait leur faire comprendre, par
là, toute la tendresse avec laquelle le cœur de Dieu soupirait après
eux. Il leur enseigna que Dieu aime toutes les âmes perdues ; que,
“comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion
de ceux qui le craignent”.
Psaumes 103 :13
. Aucune religion, si ce
n’est celle de la Bible, n’avait présenté une telle conception de
Dieu au monde. Le paganisme enseignait à l’homme à considérer
l’Être suprême avec effroi plutôt qu’avec amour, comme une divinité
cruelle qui veut être apaisée par des sacrifices, et non comme un
Père qui répand sur ses enfants le don de son amour. Israël lui-même
s’était montré à tel point rebelle aux précieux enseignements des
prophètes concernant la personne de Dieu, que cette révélation de
l’amour paternel était pour eux une conception tout à fait nouvelle.
Les Juifs prétendaient que Dieu aimait ceux qui le servaient —
c’est-à-dire, selon leurs idées, ceux qui répondaient aux exigences
des rabbins — et que tout le reste du monde vivait dans un état
de disgrâce et de malédiction. Mais Jésus déclara qu’il n’en était
pas ainsi. Tous les hommes — les bons comme les mauvais —
bénéficient du rayonnement de son amour, vérité qu’ils auraient pu
découvrir dans la nature, “car il fait lever son soleil sur les méchants
et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes”.
Ce n’est pas grâce à une puissance qui lui serait propre que
chaque année la terre produit ses richesses et poursuit sa course
autour du soleil. La main de Dieu dirige les planètes et assure l’ordre
de leur marche à travers le firmament, et c’est par sa puissance
que l’été et l’hiver, les semailles et la moisson, le jour et la nuit se
suivent en une succession ininterrompue. C’est par sa parole que
la végétation fleurit, que les feuilles apparaissent et que les fleurs
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éclosent. Tout ce dont nous jouissons, que ce soit un rayon de soleil,
ou une ondée rafraîchissante, chaque parcelle de nourriture que nous
prenons, chaque moment même de notre existence, tout est un don
de son amour.
Alors que notre caractère était dépourvu de vertus et d’attraits,
alors que, haïssables nous-mêmes, nous nous haïssions les uns les
autres, notre Père céleste eut pitié de nous. “Lorsque la bonté de