Page 61 - Heureux ceux qui (1995)

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La spiritualité de la loi
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fussent les circonstances, le gage devait être rendu à son propriétaire
au coucher du soleil.
Bien qu’on fit peu de cas de ces égards à son époque, Jésus
enseigna à ses disciples à respecter les décisions du tribunal, même
si elles exigeaient d’eux plus que n’autorisait la loi de Moïse. Allait-
on jusqu’à les priver d’une partie de leur vêtement, ils devaient
se soumettre et accepter la décision. Bien plus, ils devaient rendre
son dû au créancier et lui céder même, s’il le fallait, plus que le
tribunal ne lui avait accordé. “Si quelqu’un veut plaider contre toi,
leur disait-il, et prendre ta tunique, laisse-lui aussi ton manteau.” Et
si les courriers de l’empereur te forcent à faire un mille avec eux,
fais-en deux.
Jésus ajoute : “Donne à celui qui te demande, et ne te détourne
pas de celui qui veut emprunter de toi.” Par Moïse, Dieu avait
d’ailleurs donné cette injonction : “Tu n’endurciras pas ton cœur
et tu ne fermeras pas ta main devant ton frère indigent. Mais tu lui
ouvriras ta main, et tu lui prêteras de quoi pourvoir à ses besoins.”
Deutéronome 15 :7, 8
. Ce texte complète les paroles du Sauveur. Le
Christ ne nous enseigne pas à donner aveuglément à tous ceux qui
demandent la charité, mais il dit : “Tu lui prêteras de quoi pourvoir
à ses besoins.” Et ce sera un don plutôt qu’un prêt car il est dit :
“Prêtez sans rien espérer.”
Luc 6 :35
.
“Aimez vos ennemis.”
La leçon du Sauveur : “Ne résistez pas au méchant” était dure
aux oreilles des Juifs belliqueux, aussi murmurèrent-ils entre eux.
Mais Jésus ajouta :
“Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et
tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis,
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bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous
haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux.”
Tel était l’esprit de cette loi que les rabbins avaient réduite à
un code d’exigences froides et rigides. Ils se considéraient comme
meilleurs que les autres peuples, estimant que leur race leur donnait
droit à des faveurs spéciales de la part de Dieu. Mais le Christ leur
montra que c’était en manifestant un esprit d’amour et de miséricorde