Page 66 - Heureux ceux qui (1995)

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Le vrai mobile de la vie chrétienne
“Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes,
pour en être vus.”
Les paroles du Christ sur la montagne exposaient l’enseignement
muet de sa vie, que le peuple avait jusqu’alors refusé de comprendre.
Les Juifs ne pouvaient admettre que, possédant une si grande puis-
sance, il négligeât de s’en servir pour obtenir ce qui leur paraissait
être le bien suprême. Leurs mobiles, leurs principes et leurs voies
étaient à l’opposé des siens. Apparemment jaloux de l’honneur de
la loi, ils ne recherchaient en réalité que leur propre gloire et le
Sauveur désirait précisément leur montrer que l’amour de soi était
une transgression de la loi.
Mais les principes des pharisiens caractérisent l’humanité de
tous les siècles. L’esprit pharisaïque est l’expression des instincts
naturels de l’homme charnel et, en soulignant le contraste entre cet
esprit, ces principes et les siens, le Sauveur s’adresse aux hommes
de tous les temps.
À l’époque du Christ, les pharisiens cherchaient sans cesse à
mériter les faveurs du ciel pour s’assurer les honneurs du monde et
la prospérité qu’ils considéraient comme la récompense de la vertu.
En même temps, ils faisaient parade de leur charité pour attirer l’at-
tention du public et acquérir ainsi une réputation de sainteté. Jésus
blâma leur ostentation, déclarant que Dieu n’avait point d’égard pour
de telles pratiques et que la flatterie et l’admiration du peuple, qu’ils
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recherchaient avec tant d’ardeur, étaient la seule récompense qu’ils
recevraient.
“Quand tu fais l’aumône, dit-il, que ta main gauche ne sache pas
ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton
Père, qui voit dans le secret, te le rendra.”
Ces paroles de Jésus n’enseignent pas que tous les actes de cha-
rité doivent être tenus secrets. L’apôtre Paul, écrivant sous l’inspira-
tion du Saint-Esprit, ne tut point le généreux sacrifice des chrétiens
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