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Devant Anne et devant Caïphe
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innocent aussi longtemps que sa culpabilité n’avait pas été établie.
Ces règlements condamnaient donc les prêtres.
S’adressant à son examinateur, Jésus dit : “Pourquoi m’interroges-
tu ?” Les prêtres et les anciens n’avaient-ils pas envoyé des espions
pour surveiller ses mouvements et rapporter chacune de ses paroles ?
Ces hommes n’avaient-ils pas été présents toutes les fois que le
peuple s’était assemblé, et n’avaient-ils pas renseigné les prêtres sur
tout ce qu’il disait et faisait ? “Demande à ceux qui m’ont entendu
de quoi je leur ai parlé ; voici, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit.”
Anne fut réduit au silence par cette réponse si catégorique. Il
craignait que le Christ ne révélât, au sujet de sa conduite, quelque
chose qu’il préférait garder caché : c’est pourquoi il ne lui dit rien
de plus, à cette occasion. Rempli de colère, en voyant qu’Anne avait
eu la bouche fermée, l’un de ses agents frappa Jésus au visage, en
lui disant : “Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ?”
Le Christ répondit : “Si j’ai mal parlé, prouve ce qu’il y a de mal ;
et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?” Il ne laissa échapper
aucune parole de vengeance. Sa réponse, empreinte du plus grand
calme, venait d’un cœur sans péché, qui ne se laissait pas emporter
par la colère.
Le Christ était très sensible aux mauvais traitements et aux in-
jures. Aucun outrage ne lui était épargné par des êtres qu’il avait
créés et en faveur desquels il avait consenti un sacrifice infini. Il
souffrait en proportion de sa sainteté et de sa haine à l’égard du
péché. C’était pour lui un grand sacrifice que d’être questionné par
des hommes qui le traitaient en ennemi, et il lui répugnait de se
sentir entouré d’êtres humains dominés par Satan. Il savait que par
la puissance divine il aurait pu renverser dans la poussière ceux qui
le tourmentaient. Et cette connaissance ne faisait que rendre son
épreuve plus dure.
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Les Juifs attendaient un Messie qui se manifesterait avec un éclat
extérieur, et qui, par un acte de volonté souveraine, modifierait le
cours des pensées humaines et contraindrait les hommes à recon-
naître sa suprématie. De cette manière, pensaient-ils, il s’élèverait
au-dessus de tous et réaliserait leurs espoirs ambitieux. Le Christ
était donc fortement tenté, sous le fouet du mépris, de manifester son
caractère divin. Un mot, un regard de lui, pouvait contraindre ses
persécuteurs à reconnaître le Seigneur des rois et des gouverneurs,