Près du puits de Jacob
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du Saint-Esprit accordée à la Pentecôte, des milliers de personnes
furent converties en un jour. C’était le résultat des semailles opérées
par le Christ, la moisson fruit de son travail.
Les paroles dites à la femme près du puits étaient une bonne
semence, qui n’avait pas tardé à lever. Les Samaritains entendirent
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Jésus, et ils crurent en lui. L’entourant, ils le pressèrent de questions,
et reçurent avec joie les explications qu’il leur donnait sur quantité
de choses qui, jusque là, leur avaient paru obscures. En l’écoutant, ils
voyaient se dissiper leurs perplexités. Ils étaient pareils à un peuple
plongé dans les ténèbres qui suivrait un rayon de lumière brillant
soudain et annonçant le jour. Mais ce court entretien ne leur suffit
pas. Ils voulaient en savoir davantage ; leurs amis aussi devaient
avoir l’occasion d’entendre ce Maître admirable. Ils l’invitèrent dans
leur ville, et le supplièrent d’y rester. Il consentit à s’arrêter deux
jours en Samarie, et un grand nombre de personnes crurent en lui.
La simplicité de Jésus inspirait du mépris aux pharisiens. Mé-
connaissant ses miracles, ils demandaient un signe prouvant qu’il
était le Fils de Dieu. Mais les Samaritains ne demandèrent aucun
signe, et Jésus n’accomplit point de miracle au milieu d’eux, si ce
n’est d’avoir révélé les secrets de la vie de la femme près du puits.
Néanmoins beaucoup le reçurent, et dans la joie qu’ils éprouvaient,
ils disaient à la femme : “Ce n’est plus à cause de ta déclaration que
nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons
que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.”
Les Samaritains attendaient un Messie qui serait le Rédempteur
du monde, et non des Juifs seulement. Par l’intermédiaire de Moïse,
le Saint-Esprit l’avait annoncé comme un prophète envoyé de Dieu.
Par Jacob il avait été dit que les peuples lui obéiraient ; par Abraham,
que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui. Ces passages
de l’Ecriture fondaient la foi au Messie des habitants de la Samarie.
Du fait que les Juifs, par une fausse interprétation des prophètes
subséquents, avaient attribué au premier avènement la gloire de la
seconde venue du Christ, les Samaritains avaient été amenés à n’ac-
cepter comme écrits sacrés que ceux de Moïse. Quand le Sauveur
eut donné un coup de balai à ces fausses interprétations, plusieurs
acceptèrent les prophéties plus récentes ainsi que l’enseignement du
Christ concernant le royaume de Dieu.
Jésus avait commencé de s’attaquer au mur de séparation qui
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