Emprisonnement et mort de Jean
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influence étourdissante ; en engourdissant sa sensibilité il se met
dans l’incapacité de juger avec calme et de discerner clairement ce
qui est juste et ce qui ne l’est pas. Il donne à Satan l’occasion de se
servir de lui pour opprimer et détruire l’innocent. “Moqueur est le
vin, bruyante la boisson fermentée : qui s’en laisse troubler manque
de sens.” “Le jugement est repoussé en arrière, ... et celui qui se
retire du mal devient une proie
” Ceux qui disposent de la vie de
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leurs semblables deviennent criminels quand ils se laissent aller à
la boisson. Ceux qui sont chargés d’appliquer les lois devraient les
observer. Ils devraient avoir la maîtrise d’eux-mêmes. Ils devraient
rester en pleine possession de leurs énergies physiques, mentales et
morales, et employer leur intelligence avec un sens élevé de justice.
La tête de Jean-Baptiste ayant été apportée à Hérodiade, elle la
reçut avec une satisfaction diabolique. Sa vengeance la comblait de
joie, à la pensée que désormais la conscience d’Hérode ne serait plus
troublée. Cependant son crime ne lui apporta aucun bonheur. Son
nom fut voué à l’infamie et Hérode fut plus troublé par le remords
qu’il ne l’avait été par les avertissements du prophète. Quant à
l’influence de Jean, loin d’avoir été réduite au silence, elle s’étend
d’une génération à l’autre jusqu’à la fin des temps.
Obsédé par le souvenir de son péché, Hérode cherchait constam-
ment à se soustraire aux accusations de sa conscience coupable.
La confiance qu’il avait accordée à Jean persistait. Il n’avait aucun
repos, se souvenant toujours de la vie pleine de renoncement que
Jean avait vécue, ainsi que de ses appels solennels, émouvants, de
ses conseils judicieux, et de sa mort tragique. Occupé aux affaires
de l’Etat, entouré d’honneurs, il affichait le sourire et se donnait une
apparence digne alors qu’il dissimulait un cœur anxieux, redoutant
toujours une malédiction.
Jean avait dit à Hérode que rien n’est caché à Dieu, et ses paroles
avaient fait une profonde impression sur lui. Il savait donc que Dieu
est présent partout, qu’il avait été témoin des orgies auxquelles on
s’était livré dans la salle du banquet, qu’il avait entendu l’ordre donné
au sujet de la décapitation de Jean, qu’il avait vu les transports de
joie d’Hérodiade et les traitements injurieux qu’elle avait fait subir
à la tête de son censeur. Bien des choses entendues des lèvres du
9.
Proverbes 20 :1
, version rabbinique ;
Ésaïe 59 :14, 15
, version Darby.