282
Jésus-Christ
instance en disant : “Il est digne que tu lui accordes cela ; car il aime
notre nation, et c’est lui qui a bâti notre synagogue.”
Jésus se mit immédiatement en route vers la demeure de l’offi-
cier ; mais, pressé par la foule, il n’avançait que lentement. Apprenant
que Jésus approchait, le centenier, dans un sentiment de profonde
humilité, lui envoya ce message : “Seigneur, ne prends pas tant de
peine ; car je ne mérite pas que tu entres sous mon toit.” Le Seigneur,
néanmoins, poursuivit sa route, et le centenier eut, enfin, la hardiesse
de se présenter lui-même, et de compléter ainsi son message : “C’est
aussi pour cela que je ne me suis pas cru digne d’aller en personne
vers toi. Mais dis un mot, et que mon serviteur soit guéri ! Car, moi
qui occupe une place de subalterne, j’ai des soldats sous mes ordres ;
et je dis à l’un : Va ! et il va ; à l’autre : Viens ! et il vient ; et à mon
serviteur : Fais cela ! et il le fait.” De même que mes soldats re-
connaissent en moi le représentant du pouvoir romain et s’inclinent
devant mon autorité, de même tu représentes le pouvoir du Dieu
infini, et toutes les choses créées obéissent à ta parole. Tu peux
commander à la maladie de s’éloigner, et elle t’obéira. Tu peux faire
appel à tes messagers célestes, qui répandront une vertu salutaire.
Dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
“Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier, se
tourna vers la foule qui le suivait et dit : Je vous le dis, même en
Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi.” Puis, s’adressant au
centenier, il dit : “Va, qu’il te soit fait selon ta foi. Et à l’heure même
le serviteur fut guéri.”
Les anciens des Juifs qui avaient recommandé au Christ le cen-
tenier, avaient montré combien ils étaient éloignés de l’esprit de
l’Evangile. Ils ne comprenaient pas que notre grand besoin est notre
seul titre à la miséricorde divine. Remplis de propre justice, ils
faisaient l’éloge du centenier, disant qu’il aimait leur “nation”. Le
centenier, au contraire, disait de lui-même : “Je ne mérite pas.” Son
cœur, touché par la grâce du Christ, reconnaissait sa propre indignité,
[307]
ce qui ne l’empêchait pas de demander du secours. Il ne se confiait
pas en sa propre bonté ; son grand besoin constituait son unique
argument. Sa foi saisit le Christ tel qu’il est réellement. Il ne vit pas
en lui simplement un faiseur de prodiges, mais l’ami et le Sauveur
de l’humanité.