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Représentation anticipée de la croix
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le Maître. Leur esprit, tenaillé par le doute, ne pouvait comprendre
que le Fils de Dieu pût être sujet à une si cruelle humiliation. Ils
se demandaient pourquoi il allait volontairement à Jérusalem pour
s’y exposer au traitement qu’il leur avait dit devoir subir. Comment
pouvait-il se résigner à un tel sort et les laisser dans les ténèbres plus
épaisses que celles où ils se trouvaient avant de le connaître ?
Dans la région de Césarée de Philippe le Christ était hors d’at-
teinte d’Hérode et de Caïphe : tel était le raisonnement des dis-
ciples. Il n’avait rien à craindre de la haine des Juifs ou du pouvoir
romain. Pourquoi ne pas travailler là, loin des pharisiens ? Pour-
quoi se serait-il livré à la mort ? S’il devait mourir, comment son
royaume pourrait-il être si fermement établi que les portes de l’enfer
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ne pussent prévaloir contre lui ? C’était là pour les disciples un vrai
mystère.
Ils étaient en route sur les bords de la mer de Galilée, se dirigeant
vers la ville où toutes leurs espérances allaient être anéanties. Ils
n’osaient pas adresser au Christ des remontrances ; ils s’entretenaient
tristement à voix basse, au sujet de l’avenir. Malgré tout, ils se
cramponnaient à l’espoir qu’une circonstance imprévue écarterait
le malheur qui semblait menacer leur Seigneur. Pendant six longs
jours lugubres, ils restèrent dans cet état de douleur et de doute,
d’espérance et de crainte.
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