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Jésus-Christ
dans les cœurs de tous ceux qui se trouvaient là réunis. Il vit que
plusieurs affichaient une douleur sans sincérité. Il savait que cer-
tains des assistants, qui, en ce moment, faisaient parade de larmes
hypocrites, comploteraient bientôt la mort, non seulement du puis-
sant thaumaturge, mais de celui-là même qui allait être ressuscité.
Le Christ aurait pu les dépouiller du vêtement de leur mensonge.
Pourtant, il contint sa juste indignation et s’abstint de dire la vérité,
à cause des êtres aimés, agenouillés à ses pieds, dans la douleur, et
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qui se confiaient réellement en lui.
“Où l’avez-vous déposé ?” demanda-t-il. “Seigneur, lui
répondirent-ils, viens et vois.” Ensemble ils se rendirent au sépulcre.
Ce fut une scène lugubre. Lazare avait été très aimé, et ses sœurs, le
cœur brisé, pleuraient sur lui, et ses amis mêlaient leurs larmes aux
leurs. Devant cette détresse, en voyant tous ces êtres pleurer sur le
mort, alors que le Sauveur du monde se tenait là, — “Jésus pleura”.
Bien qu’il fût le Fils de Dieu, il avait revêtu la nature humaine, il
était ému par la douleur humaine. La souffrance éveille toujours de
la sympathie dans son cœur tendre et plein de pitié. Il pleure avec
ceux qui pleurent, il est dans la joie avec ceux qui sont dans la joie.
Ce n’est pas seulement sa sympathie humaine pour Marie et
Marthe qui fit pleurer Jésus. Ses larmes révélaient une douleur supé-
rieure aux douleurs humaines autant que les cieux sont supérieurs à
la terre. Le Christ ne pleurait pas sur Lazare, car il était sur le point
de le rappeler à la vie. Il pleurait parce que plusieurs de ceux qui
s’affligeaient, en ce moment-là, au sujet de Lazare, allaient bientôt
former des projets pour mettre à mort celui qui est la résurrection et
la vie. Les Juifs incrédules, totalement incapables de comprendre la
signification de ses larmes et d’expliquer sa douleur, autrement que
par les circonstances présentes, murmuraient : “Voyez quelle amitié
il avait pour lui.” D’autres, cherchant à semer le doute dans le cœur
des assistants, disaient sur un ton moqueur : “Lui qui a ouvert les
yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne
meure pas ?” Si le Christ avait le pouvoir de sauver Lazare, pourquoi
l’avait-il laissé mourir ?
Le regard prophétique du Christ perçut l’inimitié des pharisiens
et des sadducéens. Il savait qu’ils préméditaient sa mort et que
quelques-uns de ceux qui l’entouraient se fermeraient bientôt, à
eux-mêmes, la porte de l’espérance qui donne accès à la cité de