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Dans la maison de Simon
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pour atteindre toute âme créée par Dieu. Il n’était pas question de
la restreindre au nombre de ceux qui accepteraient le don précieux.
Tous les hommes ne sont pas sauvés ; mais si le plan de la rédemp-
tion ne produit pas tout ce qui était généreusement prévu, ce n’est
pas pour cela un gaspillage.
Simon, qui avait invité Jésus, subit l’influence des critiques de
Judas, au sujet du don de Marie, et, blessé dans son orgueil de phari-
sien, il fut surpris par l’attitude du Maître. Il savait que beaucoup,
parmi les invités, éprouvaient de la méfiance et du mécontentement
à l’égard du Christ. Il se dit en lui-même : “Si cet homme était le
prophète, il saurait qui est la femme qui le touche et ce qu’elle est :
une pécheresse.”
En guérissant Simon de sa lèpre, le Christ avait rendu la vie à
une sorte de cadavre ; pourtant, en ce moment, Simon doutait que
le Sauveur fût un prophète. Le Christ permettait à cette femme de
s’approcher de lui, au lieu de la repousser avec indignation comme
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coupable de péchés trop grands pour être pardonnés ; il ne laissait
pas voir qu’il avait connaissance de sa chute, et Simon était tenté de
penser qu’il n’était pas un prophète. Jésus, se disait-il, ne sait rien de
cette femme qui prend tant de libertés ; autrement, il ne se laisserait
pas toucher par elle.
Mais c’est parce que Simon ne connaissait ni Dieu ni le Christ
qu’il raisonnait ainsi. Il ne comprenait pas que le Fils de Dieu doit
agir d’une manière divine, avec compassion, tendresse et miséri-
corde. Simon, lui, ne faisait aucun cas de l’hommage par lequel
Marie montrait sa repentance. Son cœur endurci était exaspéré de la
voir baiser et oindre les pieds du Christ. Il pensait que si le Christ
avait été un prophète, il aurait reconnu les pécheurs et les aurait
repoussés.
Bien que cette pensée n’eût pas été exprimée, le Sauveur y ré-
pondit : “Simon, j’ai quelque chose à te dire. ... Un créancier avait
deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante.
Comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur fit grâce de leur dette
à tous deux. Lequel l’aimera le plus ? Simon répondit : Celui, je
suppose, auquel il a fait grâce de la plus grosse somme. Jésus lui
dit : Tu as bien jugé.”
Comme Nathan parlant à David, le Christ dissimula, sous le
voile d’une parabole, le coup qu’il désirait porter. Il laissa à son