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Jésus-Christ
hôte le soin de prononcer sa propre sentence. C’est Simon qui avait
fait pécher la femme, aujourd’hui objet de son mépris. Il lui avait
fait beaucoup de tort. Le but de la parabole des deux débiteurs
était de représenter Simon et Marie. Jésus ne voulait pas dire que
ces deux personnes devaient éprouver de la reconnaissance dans
des proportions différentes, car toutes deux avaient une dette de
gratitude qu’elles ne pourraient jamais acquitter. Mais Simon se
croyait plus juste que Marie, et Jésus voulait lui faire voir combien
il était coupable ; lui montrer que son péché dépassait celui de Marie
comme la dette de cinq cents deniers dépassait celle de cinquante.
Simon commençait à se considérer sous un nouveau jour. Il vit
que Marie était estimée par celui qu’il jugeait plus grand qu’un
prophète et il comprit que le regard prophétique et si pénétrant du
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Christ discernait l’amour et le dévouement remplissant le cœur de
Marie. Il se sentit confus et se rendit compte enfin qu’il était en
présence d’un Etre supérieur à lui.
“Je suis entré dans ta maison, poursuivit le Christ, et tu ne m’as
pas donné d’eau pour mes pieds”, mais Marie, avec des larmes de
repentir que l’amour lui a fait verser, a lavé mes pieds, et les a essuyés
avec ses cheveux. “Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle”, —
cette femme que tu méprises, — “depuis que je suis entré, elle n’a
pas cessé de me baiser les pieds.” Le Christ rappelait à Simon les
occasions qu’il avait eues de montrer son amour pour son Maître et
sa reconnaissance pour ce que le Maître avait fait en sa faveur. Le
Sauveur dit clairement à ses disciples, mais avec un tact délicat, que
ses enfants lui font de la peine quand ils négligent de lui témoigner
de la gratitude par des paroles et des actes d’amour.
Celui qui sonde les cœurs discernait le mobile qui faisait agir
Marie ; il voyait aussi quel esprit inspirait les paroles de Simon.
“Vois-tu cette femme ?” demanda-t-il. C’est une pécheresse. “Je te
le dis, ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a beaucoup
aimé. Mais celui à qui l’on pardonne peu aime peu.”
Par sa froideur et sa négligence à l’égard du Sauveur, Simon
avait montré combien peu il appréciait la grâce dont il avait été
l’objet. Il avait cru que c’était un honneur suffisant que d’inviter
Jésus dans sa maison. Mais maintenant il se vit tel qu’il était. Alors
qu’il croyait lire dans le cœur de son hôte, son hôte avait lu dans
le sien. Il trouva juste le jugement que le Christ avait prononcé sur