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Jésus-Christ
D’une voix calme, Jésus fit le silence au sein de la foule tu-
multueuse, et il déclara une fois de plus que son intention n’était
pas d’établir un gouvernement temporel ; il allait monter vers son
Père, et ses accusateurs ne le verraient plus jusqu’au moment où
il reviendrait dans la gloire. Alors ils le reconnaîtraient, mais trop
tard. Jésus prononça ces paroles tristement et avec une énergie toute
particulière. Les officiers romains, subjugués, se turent. Bien qu’ils
fussent étrangers à l’influence divine, leurs cœurs étaient émus plus
qu’ils ne l’avaient jamais été. Sur le visage calme et solennel de
Jésus ils lisaient l’amour, la bienveillance et une dignité paisible. Ils
éprouvaient une sympathie dont ils ignoraient la cause, et se mon-
traient plus disposés à rendre hommage à Jésus qu’à l’arrêter. Se
retournant vers les prêtres et les scribes, ils les rendirent responsables
du désordre. Ces chefs, furieux et décontenancés, firent entendre
leurs plaintes au peuple et se disputèrent violemment entre eux.
Sur ces entrefaites, Jésus arriva au temple sans être remarqué.
Là tout était tranquille, car la foule était accourue sur le mont des
Oliviers. Jésus resta un instant près du temple, le considérant avec
tristesse. Puis il se retira à Béthanie avec ses disciples. Quand on le
chercha pour le placer sur le trône, on ne le trouva plus.
Jésus pria toute la nuit ; au matin il revint au temple. En chemin
il passa près d’un verger. Ayant faim et apercevant de loin un figuier
qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait du fruit. Il s’en
approcha, mais “il n’y trouva que des feuilles, car ce n’était pas la
saison des figues”.
Ce n’était pas encore la saison des figues mûres, excepté dans
quelques localités ; et, sur les hauts plateaux entourant Jérusalem, on
pouvait dire que ce n’était pas encore “la saison des figues”. Mais
dans le verger où Jésus entra, il y avait un figuier qui paraissait plus
avancé que les autres et déjà recouvert de feuilles. On sait que, chez
le figuier, le fruit précède la feuille. Cet arbre promettait donc du
fruit déjà formé. Pourtant l’apparence trompait. Ayant cherché dans
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ses branches, depuis les rameaux les plus bas jusqu’au sommet de
l’arbre, Jésus ne trouva que des feuilles. Il n’y avait qu’un feuillage
prétentieux, rien de plus.
Le Christ prononça une malédiction : “Que jamais personne ne
mange de ton fruit”, dit-il. Le lendemain, comme le Sauveur passait
de nouveau à cet endroit, pour se rendre à la ville, avec ses disciples,