Malheur à vous, pharisiens !
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Jésus discernait le mobile qui l’avait fait agir. Elle croyait le service
du temple établi par Dieu lui-même et elle voulait faire tout ce qui
dépendait d’elle pour y participer. Elle fit ce qu’elle put ; son acte
est resté comme un monument élevé à sa mémoire, à travers les
siècles, et il sera sa joie, dans l’éternité. Elle donna son cœur avec
son offrande ; celle-ci ne fut pas évaluée en proportion de sa valeur
monétaire, mais en raison de l’amour de la donatrice pour. Dieu et
de son intérêt pour son œuvre.
Jésus dit, en parlant de cette pauvre veuve, qu’elle avait donné
plus que tous ceux qui avaient mis dans le tronc. Beaucoup de ces
riches avaient donné de leur superflu, dans l’intention d’être vus
et estimés des hommes. Leurs dons, quelque considérables qu’ils
fussent, ne les privaient d’aucun confort, même d’aucun luxe ; ils
n’étaient pas le prix d’un sacrifice et n’avaient, par conséquent,
aucune valeur comparable à celle de la pite de la veuve.
Ce sont nos motifs qui donnent à nos actes leur véritable valeur,
les marquant au coin de l’ignominie, ou leur conférant la plus haute
dignité morale. Les grandes choses que tous les yeux voient et
que toutes les langues célèbrent ne sont pas les plus précieuses
aux regards de Dieu. De petits devoirs joyeusement accomplis, de
modestes dons faits sans vanité, bien qu’insignifiants aux yeux des
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hommes, ont souvent la plus haute valeur aux yeux de Dieu. Dieu
préfère un cœur plein de foi et d’amour au don le plus précieux. Si
peu qu’elle eût donné, la pauvre veuve avait donné ce qui lui était
nécessaire pour vivre. Elle s’était privée de nourriture pour donner
avec foi ses deux pites, assurée que son Père céleste ne la délaisserait
pas dans son grand besoin. C’est cet esprit désintéressé et cette foi
enfantine qui lui valurent l’éloge du Sauveur.
Il y a bien des pauvres qui désirent manifester à Dieu leur grati-
tude pour sa grâce et pour sa vérité et contribuer à l’entretien de son
service avec leurs frères plus favorisés. On ne devrait pas décourager
de telles personnes. Qu’on leur permette de placer leurs pites dans la
banque du ciel. Ces sommes, si elles proviennent d’un cœur rempli
de l’amour divin, deviennent, même si elles sont modiques, des dons
consacrés, des offrandes du plus grand prix, qui attirent le sourire et
la bénédiction de Dieu.
Les paroles de Jésus concernant la veuve s’appliquaient non
seulement au mobile, mais aussi au résultat de l’offrande. Les “deux