Judas
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Lorsque Jésus dit au jeune homme à quelle condition il le pren-
drait pour disciple, Judas en éprouva du déplaisir. Il crut qu’une
erreur avait été commise. Des hommes comme ce chef, recrutés
parmi les croyants, auraient puissamment soutenu la cause du Christ.
Judas se croyait capable de donner des conseils et suggérait bien des
plans qu’il prétendait avantageux pour la petite Eglise. Ses principes
et ses méthodes ne seraient pas tout à fait ceux du Christ, mais il se
jugeait à ce sujet plus sage que son Maître.
Il y avait toujours quelque chose que Judas ne pouvait accepter
dans tout ce que le Christ disait aux disciples. Sous l’influence du
traître, un levain de mécontentement agissait rapidement. Les dis-
ciples ne se rendaient pas compte du danger, mais Jésus s’apercevait
que Satan faisait endosser à Judas sa livrée et faisait de lui un ins-
trument pour influencer les autres disciples. C’est ce que le Christ
avait donné à entendre une année auparavant. “N’est-ce pas moi qui
vous ai choisis, vous les douze ? avait-il dit. Et l’un de vous est un
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démon
”
Cependant Judas ne s’opposait pas d’une manière ostensible
aux enseignements du Sauveur. C’est au banquet offert par Simon
qu’il osa, pour la première fois, exprimant ses sentiments d’avarice,
murmurer ouvertement, lorsque Marie oignit les pieds du Sauveur.
Le reproche de Jésus le remplit de fiel. L’amour-propre blessé et le
désir de vengeance rompirent leurs digues et la cupidité qu’il avait si
longtemps caressée prit complètement possession de lui. La même
chose arrivera à tous ceux qui s’obstinent à jouer avec le péché. Les
principes mauvais, non combattus et vaincus, offrent une prise aux
tentations, et l’âme devient captive de la volonté de Satan.
Judas n’était cependant pas encore complètement endurci. Même
alors qu’à deux reprises il avait pris l’engagement de trahir le Sau-
veur, il lui restait encore la possibilité de se repentir. Pendant le
souper de Pâque, Jésus avait montré sa divinité en dévoilant le des-
sein du traître. Il avait eu la bonté d’inclure Judas dans le ministère
exercé en faveur des disciples. Mais le dernier appel de l’amour resta
sans réponse. Alors le destin de Judas fut fixé irrévocablement, et
les pieds que Jésus venait de laver s’en allèrent accomplir l’œuvre
du traître.
2.
Jean 6 :70
.