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Jésus-Christ
Seul, dans le silence de la nuit, Jean lit la promesse par laquelle
Dieu a annoncé à Abraham une postérité aussi nombreuse que les
étoiles. Quand l’aurore se lève sur les montagnes de Moab, il pense
à celui qui est comparé à “la splendeur du matin, au lever du soleil”,
à “un matin sans nuages
. Sous l’éclat du soleil de midi il admire
la splendeur de sa manifestation, quand “la gloire de l’Eternel sera
manifestée et toutes les créatures, ensemble, en verront l’éclat
.
Saisi de crainte et cependant débordant de joie, il lit dans les rouleaux
prophétiques, les révélations de la venue du Messie : la postérité
promise écrasant la tête du serpent ; le Pacificateur paraissant avant
l’extinction de la lignée de David. Maintenant le temps était arrivé.
Un gouverneur romain siégeait dans le palais sur le Mont Sion. Selon
des déclarations certaines du Seigneur, le Christ était déjà né.
Jour et nuit Jean étudie, dans le livre d’Esaïe, les portraits inspirés
de la gloire du Messie : le rejeton de la racine d’Isaï ; le Roi de justice
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destiné à faire “droit aux humbles de la terre” ; à être “un abri contre
le vent et un refuge contre l’orage..., comme l’ombre d’un grand
rocher dans un pays désolé”. Grâce à lui Sion ne serait plus nommée
“la délaissée”, ni sa terre “la dévastée” ; mais on l’appellerait : “celle
en qui j’ai mis mon plaisir” ; et sa terre : “l’épouse
” Le cœur du
solitaire exilé est inondé d’une glorieuse vision.
Il contemple le Roi dans sa beauté, et il en oublie le moi. La
majesté de la sainteté lui fait sentir son incapacité et son indignité.
Il est prêt à partir en qualité de messager du ciel, ne redoutant rien
d’humain parce qu’il aperçoit le divin. Il peut rester debout, sans
crainte, en présence des monarques de la terre, parce qu’il s’est
prosterné devant le Roi des rois.
Jean ne comprenait pas parfaitement la nature du royaume mes-
sianique. Il s’attendait à ce qu’Israël fût délivré de ses ennemis
nationaux ; mais la venue d’un Roi de justice, et l’établissement d’Is-
raël en tant que nation sainte, voilà quel était le grand objet de son
espérance. Il pensait que de cette manière s’accomplirait la prophétie
donnée lors de sa naissance :
“Ainsi... se souvient-il de sa sainte alliance. ... Ainsi nous
accorde-t-il, après avoir été délivrés de la main de nos ennemis,
4.
2 Samuel 23 :4
.
5.
Ésaïe 40 :5
.
6.
Ésaïe 11 :4 ; 32 :2 ; 62 :4
.