Le baptême
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La sainte atmosphère qui se dégage de sa présence inspire de la
crainte. Parmi les foules, rassemblées autour de lui près du Jourdain,
Jean a entendu de sombres récits de crime, et il a vu des âmes
courbées sous le poids d’innombrables péchés ; jamais encore il
n’est entré en contact avec un être humain dégageant une influence
aussi divine. Tout cela est en harmonie avec ce qui a été révélé à
Jean, touchant le Messie. Cependant il hésite à faire droit à la requête
de Jésus. Comment peut-il, lui, pécheur, baptiser cet être sans péché ?
Et pourquoi faut-il que celui qui n’a pas besoin de repentance se
soumette à un rite équivalant à une confession de culpabilité ?
Jésus ayant sollicité le baptême, Jean recule, s’écriant : “C’est
moi qui ai besoin d’être baptisé par toi et c’est toi qui viens vers
moi !” Jésus répond avec autant de fermeté que de douceur : “Laisse
faire pour le moment, car il est convenable que nous accomplissions
ainsi toute justice.” Jean cède, conduit le Sauveur dans les eaux du
Jourdain, et l’y ensevelit. Dès qu’il est sorti de l’eau, Jésus voit les
cieux s’ouvrir, et “l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe
et venir sur lui”.
Ce n’est pas pour confesser son propre péché que Jésus reçoit
le baptême. Mais il s’est identifié avec les pécheurs, faisant les
démarches que nous avons à faire, et accomplissant l’œuvre que
nous devons accomplir. Sa vie de souffrance et d’endurance, à partir
de son baptême, doit aussi nous servir d’exemple.
Après être sorti de l’eau, Jésus s’agenouilla pour prier au bord
du fleuve. Une ère nouvelle et importante s’ouvrait devant lui. Les
conflits qui allaient le mettre aux prises avec les hommes se dres-
saient devant lui. Bien qu’il fût le Prince de la paix, sa venue devait
dégaîner une épée. Le royaume qu’il venait établir était tout l’op-
posé de ce que les Juifs désiraient. Lui, le fondement du rituel et de
l’économie israélite, il allait en être considéré comme l’ennemi et
le destructeur. Lui, qui avait promulgué la loi sur le Sinaï, il serait
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condamné comme un transgresseur. Il était venu pour briser la puis-
sance de Satan, on l’appellerait Béelzébul. Jusqu’alors personne au
monde ne l’avait compris, et il continuerait de marcher seul, durant
son ministère. Aussi longtemps qu’il vécut, sa mère et ses frères
ne saisirent pas le sens de sa mission. Ses disciples ne le compre-
naient pas davantage. Ayant vécu jusqu’ici dans l’éternelle lumière,
intimement uni à Dieu, il allait vivre, sur la terre, dans la solitude.