Première tentation du Christ
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à vaincre le Christ avec la même tentation. Il dit au Christ que loin
d’être le Roi du ciel, tout dans son apparence le désignait pour l’ange
tombé, exilé dans ce monde, ce qui expliquait son visage émacié
exprimant la détresse.
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Le Christ ne fit aucun miracle pour soi-même
Ensuite il attira l’attention du Christ sur sa propre apparence
attrayante, revêtu qu’il était de lumière et doué de puissance. Il
se dit un messager envoyé directement du trône du ciel, et affirma
qu’il était en droit d’exiger des preuves de sa filialité divine. Satan
n’hésitait pas à mettre en doute les paroles célestes que le Fils de
Dieu avait entendues au moment de son baptême. Il était décidé à
vaincre le Christ et, si possible, assurer son royaume et son avenir. Il
commença par tenter le Christ sur le terrain de l’appétit. C’est par là
qu’il avait dominé le monde, presque entièrement, et ses tentations
étaient adaptées aux circonstances et au lieu même où se trouvait le
Christ, ce qui rendait de telles tentations presque insurmontables.
Le Christ avait le pouvoir d’accomplir un miracle pour son profit
personnel, mais cela n’était pas en accord avec le plan du salut.
Les nombreux miracles opérés par le Christ durant sa vie terrestre
montrent qu’il avait le pouvoir de faire des miracles pour le bien
de l’humanité souffrante. Un miracle miséricordieux rassasia cinq
mille hommes avec cinq pains et deux petits poissons. Il lui était
donc loisible d’opérer un miracle pour satisfaire sa faim. Satan se
flattait de réussir à faire douter le Christ des paroles venues du ciel
à son baptême. C’eût été une grande victoire s’il avait pu le faire
douter de sa filialité et des paroles prononcées par le Père.
Il trouva le Christ dans un désert désolé, sans compagnons, sans
nourriture, souffrant. Ce qui l’entourait était propre à faire naître
la mélancolie et à dégoûter. Satan suggéra au Christ cette idée : il
n’était pas possible que Dieu laissât son Fils dans cette condition né-
cessiteuse et vraiment douloureuse. Il espérait ébranler la confiance
du Christ en son Père, qui avait permis cette condition d’extrême
souffrance dans le désert, non fréquenté par l’homme. Satan espérait
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loger dans l’esprit du Christ un doute au sujet de l’amour de son
Père, si bien que le découragement et la faim le pousseraient à opé-
rer un miracle en sa faveur, échappant ainsi aux mains de son Père