Page 155 - Les Paraboles de J

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Perdu et retrouvé
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et de sa dureté de cœur ? Le Christ n’en dit rien. La parabole se
déroulait encore et il appartenait à ses auditeurs de fixer quel serait
son dénouement.
Le fils aîné représente les Juifs qui ont refusé de se repentir à
l’époque de Jésus, et les pharisiens de tous les temps qui méprisent
ceux qu’ils regardent comme des publicains et des gens de mauvaise
vie. Parce qu’ils ne se sont pas plongés euxmêmes profondément
dans le vice, ils sont remplis de propre justice. Le Christ rencontre
ces chicaneurs sur leur propre terrain. Comme le fils aîné de la
parabole, ils avaient reçu de grands privilèges de la part de Dieu ;
ils se disaient les fils de sa maison, mais ils avaient un esprit mer-
cenaire. Ils travaillaient, non par amour, mais dans l’espoir d’une
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récompense. A leurs yeux, Dieu était un chef de corvée exigeant.
Ils se scandalisèrent parce que le Christ invitait les publicains et les
gens de mauvaise vie à jouir librement des dons de la grâce — ces
dons que les rabbins espéraient mériter par leurs œuvres et leurs
mortifications. Le retour du prodigue remplissait de joie le cœur du
père, mais ne provoquait chez eux que de la jalousie.
Dans la parabole, les observations du père à son fils aîné repré-
sentent les appels que la miséricorde céleste adressait aux pharisiens :
“Tout ce que j’ai est à toi”, non comme un salaire, mais comme un
don. Comme le fils prodigue, vous ne pouvez le recevoir qu’à titre
de faveur imméritée de l’amour du Père.
Non seulement la propre justice engendre une fausse conception
de Dieu, mais elle rend le cœur dur et l’esprit critique à l’égard des
autres. Egoïste et jaloux, le fils aîné observait son frère et se tenait
prêt à décrier ses actions et à l’accuser à la première occasion. Il
observait chacune de ses fautes et jugeait sévèrement l’erreur la plus
légère. C’est ainsi qu’il cherchait à justifier son esprit implacable.
Nombreux sont aujourd’hui ceux qui suivent son exemple. Alors
qu’une âme est pour la première fois aux prises avec de nombreuses
tentations, ils sont là, obstinés, inflexibles, se plaignant et accusant.
Ils se disent enfants de Dieu, mais sont animés par l’esprit de Satan.
Par leur attitude à l’égard de leurs frères, ces accusateurs se placent
eux-mêmes sur un terrain où le Seigneur ne peut leur dispenser la
lumière de sa face.
Beaucoup de gens ne cessent de demander : “Avec quoi me
présenterai-je devant l’Eternel, pour m’humilier devant le Dieu Très-