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Les Paraboles de Jésus
qui lui était due. Il exigea tout ce qui lui revenait et il exécuta une
sentence semblable à celle qui venait d’être si miséricordieusement
annulée en sa faveur.
Comme ils sont nombreux ceux qui, de nos jours, manifestent
le même esprit ! Quand le serviteur du roi suppliait son souverain
d’avoir pitié de lui, il ne se rendait compte ni de l’énormité de
sa dette ni de son incapacité à s’en acquitter. Il espérait pouvoir
se libérer lui-même. “Aie patience envers moi, s’écria-t-il, et je te
paierai tout.” Il existe encore des personnes qui croient mériter la
faveur divine par leurs œuvres. Elles ne sont pas conscientes de
leur impuissance. Elles n’acceptent pas la grâce de Dieu comme un
don gratuit, mais elles tentent d’acquérir la justice par leurs propres
efforts. Leur cœur n’est pas brisé et humilié à la pensée de leur
péché, et elles se montrent exigeantes et implacables pour les autres.
Leurs offenses contre Dieu, au regard des fautes que leurs frères
ont pu commettre envers elles, sont comme dix mille talents par
rapport à cent deniers — environ un million comparé à une unité —
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et pourtant elles refusent de pardonner à leurs semblables.
Dans la parabole, le maître convoqua ce serviteur intraitable et
lui dit : “Méchant serviteur, je t’avais remis en entier ta dette, parce
que tu m’en avais supplié ; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton
compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? Et son maître irrité le livra
aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’il devait.” “C’est
ainsi, dit Jésus, que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous
ne pardonne à son frère de tout son cœur
” Quiconque refuse de se
montrer clément repousse loin de lui tout espoir de pardon.
Mais il ne faudrait pas faire une fausse application de l’ensei-
gnement de cette parabole. Le pardon de Dieu ne nous dispense
aucunement de l’obéissance que nous lui devons. Il en est de même
de l’esprit de clémence à l’égard du prochain : il ne dispense per-
sonne de la soumission à ses obligations. Dans la prière que Jésus
enseigna aux disciples, il dit : “Pardonne-nous nos offenses, comme
nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
” Il ne
dit pas que pour obtenir le pardon nous ne devons pas réclamer à
un débiteur ce qu’il nous doit. S’il ne peut pas payer, fût-ce même
7.
Matthieu 18 :35
8.
Matthieu 6 :12