L’arche chez les Philistins
            
            
              543
            
            
              Le bruit des lamentations parvient jusqu’au prêtre solitaire. On
            
            
              lui amène le messager de malheur, qui lui dit : “Israël s’est enfui
            
            
              devant les Philistins ; le peuple a même éprouvé un grand désastre.
            
            
              De plus, tes deux fils, Hophni et Phinées, sont morts.” Bien que ces
            
            
              nouvelles fussent terribles, Héli put les supporter, car il s’y attendait.
            
            
              Mais le messager ajoute immédiatement : “Et l’arche de Dieu a
            
            
              été prise.” Alors une expression d’angoisse indicible se peint sur
            
            
              le visage du vieillard. La pensée que son péché ait pu déshonorer
            
            
              Dieu au point de se retirer d’Israël dépasse la mesure de ses forces.
            
            
              Foudroyé par la douleur, “il tomba de son siège à la renverse”, “se
            
            
              rompit la nuque et mourut”.
            
            
              La femme de Phinées, qui, contrairement à son mari, craignait et
            
            
              servait Dieu, fut également victime de la triple nouvelle de la perte
            
            
              de son époux, de la prise de l’arche et de la mort subite de son beau-
            
            
              père. Le dernier espoir d’Israël lui parut s’être envolé. A cette heure
            
            
              désastreuse, un enfant lui naquit, qu’elle nomma “Icabod” (la gloire
            
            
              a disparu), répétant tristement de sa voix mourante : “La gloire est
            
            
              bannie d’Israël. ... Oui, plus de gloire pour Israël ; car l’arche de
            
            
              Dieu est prise.”
            
            
              Pour châtier l’infidélité de son peuple, le Seigneur se sert sou-
            
            
              vent de ses ennemis les plus acharnés. Les méchants peuvent alors
            
            
              triompher. Mais le moment vient où ceux-ci doivent, à leur tour,
            
            
              subir l’effet des jugements de celui qui punit l’iniquité partout où
            
            
              elle prévaut. Cependant, Dieu n’avait pas abandonné son peuple, et
            
            
              la joie des idolâtres ne fut pas de longue durée. Le Seigneur s’était
            
            
              servi des Philistins pour punir Israël : il va maintenant se servir de
            
            
              l’arche pour châtier les Philistins. Son invisible présence frappera
            
            
              [574]
            
            
              de terreur et de destruction les contempteurs de sa loi.
            
            
              Triomphants, les Philistins transportèrent l’arche à Asdod, l’une
            
            
              de leurs cinq principales villes, et la placèrent dans la maison de leur
            
            
              dieu Dagon. Ils s’imaginaient que la vertu qui avait toujours accom-
            
            
              pagné l’arche allait être mise à leur service, et que cette force, ajoutée
            
            
              à celle de Dagon, les rendrait invincibles. Mais quand on pénétra
            
            
              dans le temple, le lendemain matin, une scène jeta les Philistins dans
            
            
              la consternation : Dagon était à terre, prosterné sur sa face devant
            
            
              l’arche de l’Éternel. Les prêtres relevèrent respectueusement l’idole
            
            
              et la remirent à sa place. Le lendemain, ils la trouvèrent à nouveau
            
            
              devant l’arche, étrangement mutilée. La partie supérieure de l’idole