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              Patriarches et Prophètes
            
            
              Un effroyable malheur venait de frapper Israël : l’arche de Dieu
            
            
              était entre les mains de l’ennemi. En perdant le symbole de la pré-
            
            
              sence et de la puissance divines, il perdait sa gloire. Cette arche sainte
            
            
              rappelait les manifestations prodigieuses de son pouvoir. Chaque
            
            
              fois qu’elle était apparue, aux premiers jours d’Israël, des victoires
            
            
              extraordinaires avaient été enregistrées. Elle occupait le lieu très
            
            
              saint du tabernacle. Couverte par les ailes des deux chérubins d’or
            
            
              et enveloppée de la gloire de la Shékina, elle était le symbole visible
            
            
              du Dieu très-haut. Mais à cette heure néfaste, elle n’avait pas donné
            
            
              la victoire ni défendu son peuple consterné.
            
            
              Les Israélites ne voyaient pas que leur religion formaliste les
            
            
              privait de la puissance de Dieu. L’arche était pour eux le symbole de
            
            
              la présence divine ; mais ils violaient effrontément la loi qu’elle ren-
            
            
              fermait et contristaient le Saint-Esprit. Dans ces conditions, elle ne
            
            
              leur était pas plus utile qu’un sarcophage ou un coffret quelconque.
            
            
              En outre, Israël en était venu à considérer l’arche de la même façon
            
            
              que les païens regardaient leurs dieux, et à se figurer que la force et
            
            
              le salut résidaient en elle. Le culte qu’il rendait à l’arche n’était que
            
            
              du formalisme, de l’hypocrisie et de l’idolâtrie. Ses péchés l’avait
            
            
              séparé de Dieu, la victoire ne pouvait plus couronner ses armes. Il
            
            
              ne suffisait pas que l’arche et le sanctuaire fussent au milieu d’Israël.
            
            
              Ce n’était pas assez que les prêtres offrissent des holocaustes et que
            
            
              le peuple fût appelé le peuple de Dieu. Le Seigneur n’a pas égard
            
            
              à la prière de celui qui garde l’iniquité dans son cœur. Il est écrit
            
            
              que “si quelqu’un détourne l’oreille pour ne point écouter la loi, sa
            
            
              [573]
            
            
              prière même est en abomination
            
            
            
            
              .
            
            
              A Silo, cependant, Héli, aveugle et accablé par l’âge, attend, “le
            
            
              cœur tremblant pour l’arche de Dieu”, le résultat du conflit. Assis
            
            
              chaque jour devant la porte du tabernacle, près du grand chemin, il
            
            
              attend l’arrivée de quelque messager venant du champ de bataille.
            
            
              Enfin, un Benjamite, “les vêtements déchirés, la tête couverte de
            
            
              poussière”, passe en courant sur le chemin qui monte à la ville. Sans
            
            
              faire attention au vieillard posté au bord de la route, il arrive à la cité
            
            
              et annonce la nouvelle de la catastrophe à la foule atterrée qui “se
            
            
              met à pousser des cris”.
            
            
              * .
            
            
              Proverbes 28 :9