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Chapiter 9 — Le réformateur suisse
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De même que Jean Luther, le père de Zwingle, désirant faire
instruire son fils, lui fit quitter très tôt la vallée où il avait vu le jour.
Ses progrès furent si rapides que la question se posa bientôt de savoir
où lui trouver des maîtres compétents. A l’âge de treize ans, il se
rendit à Berne où se trouvait l’école la plus célèbre de Suisse. Là, le
jeune homme courut un danger qui faillit compromettre son avenir :
des moines le sollicitèrent vivement d’entrer au couvent. Par la
richesse et le luxe de leurs églises, par la pompe de leurs cérémonies,
par l’attraction de reliques célèbres et d’images miraculeuses, les
dominicains et les franciscains se disputaient à Berne la faveur
populaire.
Les dominicains se rendirent compte que, s’ils pouvaient gagner
ce jeune et brillant élève, il serait pour eux une source de gains et
d’honneurs. Son extrême jeunesse, ses dons naturels d’écrivain et
d’orateur, son talent pour la musique et la poésie seraient, pensaient-
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ils, plus puissants que toutes leurs pompes pour attirer la foule dans
leur église et augmenter leurs revenus. Par ruse et flatterie, ils s’ef-
forcèrent de faire entrer Zwingle dans leur ordre. Pendant ses études,
Luther était allé s’ensevelir dans une cellule de couvent ; si la Provi-
dence divine ne l’en eût fait sortir, il eût été perdu pour le monde.
Zwingle ne devait pas courir le même péril. Son père fut providen-
tiellement informé des intentions des moines. Ne désirant nullement
laisser son fils embrasser leur vie oisive et stérile, et voyant que
l’utilité future de celui-ci était en jeu, il lui ordonna de regagner
immédiatement le toit paternel.
Le jeune homme obéit ; mais ne pouvant rester longtemps dans
sa vallée natale, il alla poursuivre ses études à Bâle. C’est là qu’il
entendit pour la première fois la prédication de l’Evangile de la
grâce. Wittembach, un professeur de langues anciennes, qui avait
été amené à lire les saintes Ecritures grâce à l’étude du grec et de
l’hébreu, en communiquait les lumières à ses élèves. Il enseignait
qu’il y avait une vérité plus ancienne et d’une valeur infiniment plus
grande que les théories des savants et des philosophes, à savoir que
la mort de Jésus est la seule rançon du péché. Ces paroles furent
pour Zwingle les premières lueurs de l’aurore.
Bientôt rappelé de Bâle pour commencer son ministère, le jeune
étudiant fit ses premières armes dans une paroisse des Alpes assez
rapprochée de sa ville natale. Après avoir reçu les ordres, il s’adonna