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Chapiter 12 — La Réforme en France
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Par la grâce de Dieu, Paris devait recevoir une nouvelle invitation
au festin évangélique. L’appel de Lefèvre et de Farel ayant été rejeté,
le message devait encore être présenté dans la capitale à toutes les
classes de la société. Sous l’influence de préoccupations politiques,
le roi n’avait pas encore pris tout à fait position avec Rome contre la
Réforme. Sa sœur Marguerite, nourrissant toujours l’espoir de voir
le protestantisme triompher en France, voulut que la foi réformée
fût annoncée à Paris. En l’absence du roi, elle ordonna à un ministre
protestant, Gérard Roussel, de prêcher dans les églises de la capitale.
Le haut clergé s’y étant opposé, la princesse ouvrit les portes du
Louvre, y fit transformer un appartement en chapelle et annonça
qu’il y aurait prédication chaque jour à une heure déterminée. Des
foules accoururent. La chapelle était bondée de gens de tous rangs
et l’auditoire refluait dans les antichambres et les vestibules. Nobles,
diplomates, avocats, marchands et artisans s’y réunissaient chaque
jour par milliers. Loin d’interdire ces assemblées, le roi ordonna que
deux des églises de Paris leur fussent ouvertes. Jamais encore la ville
n’avait été aussi remuée par la Parole de Dieu. L’Esprit de vie venu
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d’en haut semblait passer sur le peuple. La tempérance, la chasteté,
l’ordre et l’industrie succédaient à l’ivrognerie, au libertinage, aux
querelles et à l’indolence.
Mais la hiérarchie ne restait pas inactive. Le roi refusant encore
d’interdire les prédications, elle se tourna vers la populace. Rien
ne fut négligé pour exciter les craintes, les préjugés et le fanatisme
des foules ignorantes et superstitieuses. Aveuglément soumis à ses
faux docteurs, Paris, comme autrefois Jérusalem, “ne connut pas le
temps où [il] était visité, ni les choses qui appartenaient à sa paix”.
Deux années durant, la Parole de Dieu fut prêchée dans la capitale.
Beaucoup de personnes acceptèrent l’Evangile, mais la majorité le
rejeta. François Ier ne s’était montré tolérant que dans des vues
politiques et le clergé réussit à reprendre son ascendant. De nouveau,
les églises se fermèrent et les bûchers s’allumèrent.
Calvin était encore à Paris, où, tout en continuant à répandre la
lumière autour de lui, il se préparait en vue de son activité future
par l’étude, la méditation et la prière. Mais il ne tarda pas à être
signalé aux autorités, qui décidèrent de le condamner au supplice
du bûcher. Il se croyait en sécurité dans sa retraite quand ses amis
accoururent dans sa chambre pour lui annoncer que les agents de