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Chapiter 15 — La Bible et la Révolution française
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corruption analogue à celui qui attira la colère de Dieu sur cette ville
coupable de l’antiquité. L’histoire, comme la prophétie, établit un
rapport entre l’athéisme et l’impudicité. “En relation intime avec
les lois contre la religion se trouvait celle qui attaquait le mariage.
L’engagement le plus sacré existant entre deux êtres humains, et
dont la permanence est indispensable à la conservation de la société,
était réduit à l’état de simple contrat civil de nature transitoire, et
que deux personnes peuvent contracter et rompre à volonté. ... Si
des ennemis de la société s’étaient imposé la tâche de détruire tout
ce qu’il y a de gracieux, de vénérable et de constant dans la vie
domestique par un mal qui se perpétuât de génération en génération,
ils n’auraient rien pu trouver de plus efficace que la dégradation du
mariage. ... Sophie Arnould, actrice célèbre par son esprit, appelait
l’union libre “le sacrement de l’adultère”.
“Où leur Seigneur a été crucifié”, dit la prophétie. Ce détail
prophétique s’était également réalisé. Aucun pays — au cours de
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son histoire — n’avait manifesté autant d’inimitié que la France
contre Jésus-Christ, contre sa Parole et contre ses vrais disciples.
Par les persécutions qu’elle avait fait subir au cours des siècles aux
confesseurs de l’Evangile, elle avait réellement “crucifié le Seigneur”
dans la personne de ses disciples.
Siècle après siècle, le sang des saints avait coulé à flots. Pen-
dant que les Vaudois, dans les montagnes du Piémont, donnaient
leur vie pour “la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus”, les
Albigeois faisaient, en France, le même sacrifice et pour la même
cause. Aux jours de la Réforme, les Huguenots avaient également
versé leur sang pour conserver ce qu’il y a de plus cher au cœur
humain : la conscience. Traités en parias, ils avaient vu leur tête
mise à prix. Pourchassés comme des fauves, ils avaient subi la mort
après d’affreuses tortures. Le roi et les nobles, des femmes de haute
naissance et de délicates jeunes filles s’étaient rassasiés du spectacle
de l’agonie des martyrs de Jésus.
Ceux de leurs descendants qui restaient encore en France au
dix-huitième siècle se cachaient dans les montagnes du Midi, et là,
sous le nom d’“Eglise du Désert”, ils conservaient la foi de leurs
pères. Quand ils osaient se réunir de nuit sur le flanc des montagnes
ou dans les landes désertes, c’était au risque d’être traqués par les
dragons du roi et condamnés à une vie d’esclavage sur les galères.