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Chapiter 17 — Les précurseurs du matin
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monde. Mais que vit-on ? A Bethléhem, deux voyageurs fatigués, en
quête d’un abri pour la nuit, longent en vain toute la rue étroite de
la ville jusqu’à son extrémité orientale. Aucune porte ne s’ouvrant
pour les accueillir, ils trouvent enfin un refuge dans un misérable
abri destiné au bétail, et c’est là que le Sauveur vient au monde.
Les anges — qui avaient contemplé la gloire du Fils de Dieu
auprès du Père avant que le monde fût — attendaient avec émotion
l’apparition sur la terre de l’événement qui devait être pour tout
le peuple le sujet d’une joie immense. Une cohorte angélique fut
envoyée pour en porter l’heureuse nouvelle à ceux qui étaient prépa-
rés à la recevoir et à la faire connaître aux habitants de la terre. Le
Messie s’était abaissé jusqu’à revêtir la nature humaine pour don-
ner son âme en sacrifice pour le péché au prix d’un poids infini de
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souffrances. Néanmoins, les anges désiraient qu’en son humiliation
le Fils du Très-Haut fît son entrée au sein de la famille humaine
avec la dignité et la gloire dues à son rang. Les grands de la terre ne
se réuniront-ils pas dans la capitale d’Israël pour l’acclamer et les
légions célestes ne le présenteront-elles pas à la foule qui l’attend ?
L’un d’eux parcourt la terre pour voir si elle se prépare à ac-
cueillir le Sauveur. Mais il ne voit rien et n’entend aucun chant de
triomphe annoncer que le temps du Messie est enfin arrivé. Il s’at-
tarde sur la sainte Cité et s’arrête un instant au-dessus du temple
où, durant des siècles, Dieu a manifesté sa présence. Mais, là aussi,
règne la même indifférence. Dans leur pompe orgueilleuse, les sa-
crificateurs offrent de vains sacrifices. Les pharisiens adressent au
peuple des discours sonores, ou répètent au coin des rues de pré-
tentieuses prières. Ni dans les palais des rois, ni dans les cénacles
des philosophes, ni dans les écoles des rabbins, on ne se préoccupe
de l’événement salué dans les parvis célestes par des symphonies
d’allégresse.
Rien sur la terre ne trahit l’attente du Messie ; nulle part on
n’aperçoit de préparatifs pour recevoir le Prince de la vie. Stupéfait,
le céleste messager est sur le point de remonter au ciel pour y porter la
honteuse nouvelle, quand il découvre un groupe de bergers passant la
nuit à veiller sur leurs troupeaux. Ceux-ci, en contemplant la voûte
étoilée, s’entretiennent des prophéties messianiques et soupirent
après la venue du Rédempteur du monde. Evidemment, ces gens
sont prêts à recevoir le message divin. Soudain, l’ange leur apparaît