La libération du peuple de Dieu
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Elle est maintenant exaucée cette prière du Sauveur en faveur
de ses disciples. “Je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés
soient aussi avec moi.” “Irrépréhensibles et dans l’allégresse” (
Jude
1 :24
), les rachetés de Jésus-Christ sont présentés au Père par son
Fils en ces mots : “Me voici, moi et les enfants que tu m’as donnés.
(...) J’ai gardé ceux que tu m’as donnés.” Qui dira le ravissement
de cette heure où le Père, contemplant les rachetés, retrouvera en
eux son image, car le péché et la souillure auront disparu, et où
l’humanité aura retrouvé son harmonie avec la divinité !
La voix empreinte d’un amour ineffable, Jésus invite alors ses
fidèles à participer à “la joie de leur Maître”. Son bonheur consiste
à voir dans son royaume de gloire les âmes sauvées par son hu-
miliation et ses souffrances. Celui des élus sera de voir parmi les
bienheureux des êtres sauvés par leurs prières, leurs travaux et leur
dévouement. Tandis qu’ils sont réunis autour du grand trône blanc,
une joie inexprimable inonde leur cœur à la vue de ces âmes et de
celles gagnées par elles, rassemblées toutes dans le repos céleste, je-
tant leurs couronnes aux pieds de Jésus, et admises à le louer pendant
les siècles éternels.
Au moment où les rachetés sont accueillis dans la cité de Dieu,
une acclamation d’enthousiasme et d’adoration déchire les airs.
Les deux Adam sont sur le point de se rencontrer. Le Fils de Dieu
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ouvre ses bras au père de notre race, à l’être qu’il a créé, mais qui a
péché contre son Créateur, et par la faute duquel le Sauveur porte
en son corps les stigmates de la crucifixion. En voyant ces cruelles
cicatrices, Adam ne se jette pas dans les bras du Sauveur ; il se
prosterne humblement à ses pieds en s’écriant : “Digne est l’agneau
qui a été immolé !” Tendrement, le Seigneur le relève, et l’invite à
revoir l’Eden dont il a été si longtemps exilé.
Après qu’Adam eut été expulsé d’Eden, sa vie sur la terre fût
abreuvée de tristesse. Chaque feuille fanée, chaque victime des
sacrifices, chaque altération dans la nature naguère si belle, chaque
imperfection morale lui rappelait son péché.
Il avait éprouvé de cuisants remords à la vue des progrès et des
débordements de l’iniquité. Ses avertissements s’étaient heurtés à
des accusations et à d’amers reproches. Humblement, patiemment,
durant près d’un millénaire, il avait supporté la conséquence de sa
transgression. Sincèrement repentant de son péché, il s’était confié