80
Vers un meilleur Avenir
Rien ne serait plus en sûreté. On dépouillerait son prochain,
et le plus fort serait le plus riche. La vie elle-même ne serait plus
respectée. Les vœux sacrés du mariage ne protégeraient plus la
[82]
famille. Celui qui en aurait le pouvoir enlèverait — si tel était son
bon plaisir — la femme de son prochain.
Le cinquième commandement subirait le même sort que le qua-
trième, et les enfants n’hésiteraient pas à attenter aux jours de leurs
parents, si ce crime leur permettait de réaliser leurs désirs pervertis.
Le monde civilisé serait changé en une horde de voleurs et d’assas-
sins : la paix, le repos et le bonheur seraient bannis de la terre.
Déjà la doctrine enseignant que l’homme est dispensé d’obéir
aux commandements de Dieu a oblitéré le sentiment de l’obligation
morale et déclenché sur le monde un déluge d’iniquités. L’anarchie,
la dissipation, le dérèglement déferlent sur nous comme un raz de
marée dévastateur.
Satan est à l’œuvre dans la famille. Sa bannière flotte jusque
sur les foyers soi-disant chrétiens. On y trouve l’envie, la suspicion,
l’hypocrisie, les contestations, les inimitiés, les querelles, la trahison
des affections, la sensualité. Tout le système des principes religieux,
qui devrait servir de base et de cadre à l’édifice social, ressemble à
une masse chancelante, prête à s’effondrer.
Les plus vils criminels, au fond de leur prison, sont souvent com-
blés de présents et d’attentions, comme s’ils s’étaient distingués par
un acte méritoire. Leur personne et leurs méfaits sont l’objet d’une
large publicité. La presse raconte les crimes les plus révoltants avec
une abondance de détails de nature à populariser la pratique de la
fraude, de l’effraction et du meurtre. L’engouement pour le vice,
l’insouciance dans le meurtre, les progrès alarmants de l’intempé-
rance et de l’anarchie sous toutes leurs formes devraient pousser
les croyants à se demander ce qui pourrait être fait pour enrayer la
marée montante de l’iniquité.
[83]
Les tribunaux sont corrompus. Le mobile de bien des magistrats
est le lucre ou la luxure. Les facultés de beaucoup d’entre eux
sont à tel point émoussées par l’intempérance que Satan a sur eux
un empire presque absolu. Les juristes sont pervertis, achetés ou
aveuglés. L’ivrognerie, les orgies, la colère, l’envie, l’improbité sous
toutes ses formes, ne sont pas rares chez ceux qui sont chargés
d’appliquer les lois. “La délivrance s’est retirée, et le salut se tient