Page 69 - Conseils aux Educateurs aux Parents et aux

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Une éducation digne de ce nom
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Mais il ne faut pas s’arrêter là et les maîtres doivent particulièrement
se préoccuper du développement des facultés les plus faibles, afin
qu’elles soient aussi exercées et amenées à l’égal des plus fortes, de
sorte que l’esprit atteigne un équilibre normal. [...]
Les causes d’instabilité chez les jeunes
De nombreux enfants paraissent bien élevés tant qu’ils sont sous
l’influence d’une discipline donnée. Mais quand le système de règles
qui les entourait a disparu, ils semblent incapables de penser, d’agir
ou de décider par eux-mêmes. Ces enfants ont été longtemps soumis
à une règle de fer, on ne leur a pas permis de penser et d’agir par
eux-mêmes dans les matières où il aurait été hautement nécessaire
qu’ils y soient entraînés, de telle sorte qu’ils n’ont pas confiance en
eux pour se conduire suivant leur propre jugement et n’osent avoir
une opinion personnelle. Lorsqu’ils se séparent de leurs parents, ils
sont facilement entraînés par le jugement des autres dans la mauvaise
direction. Ils n’ont pas de stabilité de caractère. On n’a pas fait appel
à leur propre jugement pour autant que cela était possible, aussi leur
esprit n’a-t-il pas été convenablement formé et affermi. Ils ont été
si longtemps sous le contrôle absolu de leurs parents qu’ils en sont
entièrement dépendants.
D’un autre côté, on ne devrait pas laisser la jeunesse penser et
agir en toute indépendance. Il faut apprendre aux enfants à respec-
ter l’expérience de leurs parents et de leurs maîtres et à se laisser
conduire par eux. L’éducation doit consister en une alliance des
esprits des éducateurs et de leurs élèves de sorte que ceux-ci com-
prennent la nécessité de rechercher le conseil de ceux-là. Lorsque les
jeunes quitteront leurs parents et leurs maîtres, ils ne ressembleront
pas au roseau agité par le vent. [...]
Les parents et les maîtres qui se vantent d’avoir un contrôle
parfait sur l’esprit et la volonté des enfants dont ils s’occupent, ces-
seraient d’être fiers des résultats dont ils se prévalent s’ils pouvaient
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discerner quelle sera la vie de ceux qu’ils auront ainsi subjugués par
la force ou la peur. De telles personnes seront presque totalement
inaptes à faire face aux responsabilités de l’existence. Privés de la
direction de leurs parents et de leurs maîtres, obligés de penser et
d’agir par eux-mêmes, ces jeunes gens courent presque infaillible-