Page 12 - Heureux ceux qui (1995)

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Heureux ceux qui
C’est en Judée tout d’abord que le royaume des cieux avait été
proclamé et que l’appel à la conversion avait retenti. En chassant
les vendeurs du temple de Jérusalem, Jésus s’était présenté comme
le Messie, celui qui pouvait purifier les âmes du péché et faire de
son peuple une nation sainte. Mais les chefs juifs manquaient de
l’humilité, nécessaire pour recevoir le doux Maître de Nazareth. Lors
de sa seconde visite à Jérusalem, Jésus avait été conduit devant le
Sanhédrin, et seule la crainte du peuple avait retenu ces dignitaires
d’attenter à ses jours. Quittant la Judée, il avait alors entrepris son
ministère en Galilée.
Pendant plusieurs mois Jésus avait parcouru la contrée, et son
message : “Le royaume des cieux est proche” avait éveillé l’attention
de toutes les classes de la société, avivant la flamme de leurs ambi-
tieuses espérances. La réputation du nouveau maître avait dépassé
les frontières de la Palestine et, malgré l’attitude hostile des chefs à
son égard, le sentiment qu’il pouvait être le libérateur attendu s’était
répandu de proche en proche. Des foules s’attachaient à ses pas et
l’enthousiasme populaire était à son comble.
L’heure était venue pour ceux de ses disciples qui lui avaient été
le plus étroitement associés de resserrer encore leur intimité avec
lui en participant plus directement à son ministère en faveur de ces
foules, abandonnées comme un troupeau sans berger. Quelques-
uns d’entre eux le suivaient depuis le début de sa vie publique et
les Douze étaient presque tous considérés comme des membres
de sa famille. Pourtant, eux aussi, égarés par l’enseignement des
chefs, partageaient l’attente populaire d’un royaume terrestre, et ne
pouvaient comprendre l’attitude du Maître. Déjà, le fait qu’il ne
recherchait ni l’appui des prêtres ni celui des rabbins et ne faisait
rien pour établir son autorité royale les avait grandement troublés.
Une transformation devait s’accomplir en eux leur permettant de
remplir le mandat sacré qui devait leur être confié avant l’ascension
de leur Maître. Toutefois ils avaient répondu à son amour et, malgré
leur lenteur à croire, Jésus avait vu en eux ceux qu’il pourrait former
et discipliner pour le seconder dans son ministère.
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Ils avaient maintenant vécu assez longtemps avec lui pour croire,
dans une certaine mesure, au caractère divin de sa mission. De son
côté, le peuple, qui avait eu des preuves indéniables de sa puissance,