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Jésus-Christ
On peut recevoir ces impressions en méditant sur lui, en lisant les
Ecritures, ou en écoutant la parole du prédicateur. Soudain, à la suite
d’un appel plus direct de l’Esprit, l’âme s’abandonne joyeusement
entre les mains de Jésus. De telles conversions sont considérées
comme instantanées ; en réalité elles sont le résultat d’une action
lente, patiente et prolongée de l’Esprit de Dieu.
Quoique invisible, le vent produit des effets visibles et sensibles.
De même, l’action de l’Esprit sur l’âme sera manifestée dans tous les
actes de celui qui en a éprouvé le pouvoir salutaire. Quand l’Esprit
de Dieu prend possession d’un cœur, la vie est transformée. On met
de côté les pensées de péché, on renonce aux mauvaises actions ;
l’amour, l’humilité et la paix succèdent à la colère, à l’envie, aux
querelles. La joie remplace la tristesse, et le visage reflète la lumière
céleste. Personne n’aperçoit la main qui soulève le fardeau ; personne
ne voit la lumière qui descend des parvis célestes. La bénédiction est
acquise quand une âme capitule devant Dieu. Alors une puissance
invisible crée un être nouveau à l’image de Dieu.
Des esprits finis ne sauraient comprendre l’œuvre de la rédemp-
tion. Il y a là un mystère qui dépasse l’entendement humain ; toute-
fois celui qui a passé de la mort à la vie sait qu’il s’agit d’une divine
réalité. Dès ici-bas il nous est donné de connaître la phase initiale
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de la rédemption, grâce à une expérience personnelle. Les résultats
atteignent les âges éternels.
Pendant que Jésus parle, quelques rayons de vérité pénètrent
l’esprit de Nicodème. Son cœur subit l’influence adoucissante et
subjugante du Saint-Esprit. Mais il ne comprend pas encore parfai-
tement les paroles du Sauveur. Il pense moins à la nécessité de la
nouvelle naissance qu’à la façon dont elle doit s’accomplir. “Com-
ment cela peut-il se faire ?” demande-t-il.
“Tu es le docteur d’Israël, et tu ne sais pas cela ?” répondit Jésus.
Assurément un homme chargé de l’instruction religieuse du peuple
ne devrait pas ignorer des vérités aussi importantes. La leçon était
celle-ci : au lieu de s’irriter à l’ouïe de ces claires paroles de vérité,
Nicodème aurait dû avoir une petite opinion de lui-même, étant
donnée son ignorance spirituelle. Néanmoins le Christ parlait avec
une dignité si solennelle, son regard et son ton étaient si chargés
d’amour que Nicodème ne se formalisa pas en voyant sa condition
humiliante.