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Il faut qu’il croisse
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exprimé un chagrin ou un désappointement à la pensée de se voir
supplanté, il eût jeté des semences de dissension, il eût encouragé
des sentiments d’envie et de jalousie, il eût gêné sérieusement les
progrès de l’Evangile.
Par nature Jean partageait les fautes et les faiblesses inhérentes à
l’humanité, mais l’attouchement de l’amour divin l’avait transformé.
Il demeurait dans une atmosphère exempte d’égoïsme et d’ambition,
il se plaçait bien au-dessus des miasmes de la jalousie. Loin d’ap-
prouver le mécontentement de ses disciples, il montra clairement
qu’il avait une juste compréhension de sa relation avec le Messie, et
qu’il accueillait avec bonheur celui auquel il avait préparé la voie.
Il dit : “Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du
ciel. Vous-mêmes m’êtes témoins que j’ai dit : Moi, je ne suis pas
le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. Celui qui a l’épouse, c’est
l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, éprouve
une grande joie à cause de la voix de l’époux.” Jean se comparait à
l’ami qui servait d’intermédiaire entre les fiancés, ouvrant la voie au
mariage. La mission de l’ami prenait fin quand l’époux avait reçu
son épouse. Il ne lui restait plus qu’à se réjouir du bonheur qu’il
avait procuré par cette union. De même, Jean avait été envoyé pour
amener les âmes à Jésus et il assistait avec joie au succès de l’œuvre
du Sauveur. Il ajouta : “Aussi cette joie qui est la mienne est à son
comble. Il faut qu’il croisse et que je diminue.”
En dirigeant vers le Rédempteur le regard de sa foi, Jean s’était
élevé au sommet de l’abnégation. Loin de vouloir attirer les hommes
à lui-même, il cherchait à élever toujours plus haut leurs pensées
jusqu’à les fixer sur l’Agneau de Dieu. Lui-même n’avait été qu’une
simple voix, un cri dans le désert. Maintenant il acceptait de rentrer
dans le silence et l’obscurité, pourvu que tous les yeux fussent dirigés
vers la Lumière de la vie.
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Les messagers de Dieu qui veulent rester fidèles à leur mandat
ne recherchent pas les honneurs personnels. L’amour du moi sera
absorbé par l’amour envers le Christ. Aucune rivalité ne viendra
nuire à la cause de l’Evangile, si précieuse. Ils reconnaissent que
leur tâche consiste à proclamer, comme l’a fait Jean-Baptiste : “Voici
l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde
” Ils élèvent le Christ
1.
Jean 1 :29
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