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Représentation anticipée de la croix
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entre Pierre et le Maître, pour empêcher le cœur du disciple d’être
touché par la vision de l’humiliation que le Christ subissait pour lui.
Le Christ s’adressa donc moins à Pierre qu’à celui qui s’efforçait
de séparer le disciple de son Rédempteur : “Arrière de moi, Satan.”
Cesse de te placer entre moi et mon serviteur égaré. Laisse-moi face
à face avec Pierre, pour que je puisse lui révéler le mystère de mon
amour.
C’est lentement que Pierre parvint à apprendre la vérité amère.
Le sentier du Christ, sur la terre, passait par l’agonie et l’humiliation,
et le disciple alors répugnait à communier avec son Seigneur dans
la souffrance. C’est la fournaise ardente qui lui ferait apprécier
cette communion. Longtemps après, quand son corps fut courbé
sous le poids des années et des labeurs, il écrivit : “Bien-aimés, ne
vous étonnez pas de la fournaise qui sévit parmi vous pour vous
éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange. Au
contraire, réjouissez-vous dans la mesure où vous participez aux
souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors
de la révélation de sa gloire
Jésus expliqua à ses disciples que sa propre vie d’abnégation
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était un exemple destiné à leur montrer le chemin à suivre. Appelant
à lui, avec les siens, les personnes qui se tenaient à quelque distance,
il leur dit : “Si quelqu’un veut marcher sur mes traces, qu’il renonce
à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.” La croix,
un supplice en usage chez les Romains, était l’instrument d’une
mort aussi cruelle qu’infamante ; les plus grands criminels, obligés
de porter la croix jusqu’au lieu d’exécution, se débattaient souvent
avec une violence désespérée quand on voulait la placer sur leurs
épaules, mais on finissait par les maîtriser et leur imposer l’appareil
de torture. Jésus invita ses disciples à prendre, volontairement, la
croix et à la porter à sa suite. Ses paroles, bien que peu comprises,
apprenaient aux disciples qu’ils allaient être soumis aux humiliations
les plus profondes, — soumis à la mort elle-même pour l’amour
du Christ. Les paroles du Sauveur exprimaient l’abandon le plus
total. Tout cela Jésus l’avait accepté pour eux. Il n’avait pas désiré
demeurer au ciel tant que nous étions perdus. Il avait échangé les
parvis célestes contre une vie d’opprobre et d’injures couronnée par
13.
1 Pierre 4 :12, 13
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