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Jésus-Christ
malades, rassasié miraculeusement des milliers de personnes, marché
sur les flots, et apaisé la mer agitée. A plusieurs reprises il avait lu
dans les cœurs, comme dans un livre ouvert ; il avait chassé des
démons, ressuscité des morts. Les chefs avaient eu des preuves
de sa messianité. Aussi décidèrent-ils, non pas de lui demander
un nouveau signe, mais de lui arracher quelque aveu ou quelque
affirmation qui pût servir à le condamner.
Etant venus au temple où il enseignait, ils l’interrogèrent ainsi :
“En vertu de quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette auto-
rité ?” Ils s’attendaient à ce qu’il déclarât que son autorité venait de
Dieu. Dans ce cas, ils se proposaient de contester son affirmation,
mais Jésus leur répondit par une autre question, paraissant sans rap-
port avec le sujet, et il leur dit qu’il ne leur donnerait d’explication
que s’il recevait d’abord une réponse à sa question. “Le baptême
de Jean, demanda-t-il, d’où venait-il, du ciel ou des hommes ?” Les
prêtres se virent pris dans un dilemme d’où aucun sophisme ne pour-
rait les faire sortir. S’ils reconnaissaient que le baptême de Jean était
du ciel, ils faisaient éclater leur inconséquence. Car alors le Christ
leur dirait : Pourquoi n’avez-vous donc pas cru en lui ? Jean, en effet,
avait rendu ce témoignage au Christ : “Voici l’Agneau de Dieu, qui
ôte le péché du monde.” Si les prêtres acceptaient le témoignage de
Jean, comment pouvaient-ils nier la messianité de Jésus ? Et s’ils
avouaient que le ministère de Jean était une chose toute humaine, ils
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soulèveraient une tempête d’indignation ; car le peuple croyait que
Jean était un prophète.
La foule attendait la décision avec la plus vive curiosité. On
savait que les prêtres avaient fait profession d’accepter le ministère
de Jean, et l’on supposait qu’ils admettraient, sans hésitation, qu’il
était envoyé de Dieu. Mais les prêtres, s’étant consultés en secret,
décidèrent de ne pas se compromettre. Prétextant, avec hypocrisie,
leur ignorance, ils dirent : “Nous ne savons.” “Moi non plus, dit le
Christ, je ne vous dis pas en vertu de quelle autorité je fais cela.”
Scribes, prêtres et chefs étaient réduits au silence. Déjoués et
déçus, ils tenaient les yeux baissés, n’osant pas poser de nouvelles
questions. Leur lâcheté et leur indécision leur avaient, en grande
mesure, aliéné le respect du peuple, qui assistait maintenant, amusé,
à la défaite de ces hommes orgueilleux qui se croyaient justes.