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Jésus-Christ
n’êtes pas tous purs
, avait-il dit. Ces paroles avaient fait com-
prendre au faux disciple que le Christ avait découvert son dessein
secret. Maintenant le Christ s’expliqua plus ouvertement. Comme
ils étaient assis à table, il dit, en regardant les disciples : “Ce n’est
pas de vous tous que je le dis ; je connais ceux que j’ai choisis. Mais
il faut que l’Ecriture s’accomplisse : Celui qui mange avec moi le
pain, a levé son talon contre moi.”
Les disciples ne soupçonnaient pas encore Judas, mais ils consta-
taient le trouble de leur Maître. Un nuage de tristesse les enveloppa,
présage de quelque sombre calamité, dont ils ne comprenaient pas
la nature. Pendant qu’ils mangeaient en silence, Jésus dit : “En vé-
rité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera.” Ces paroles
les remplirent d’étonnement et de consternation. Ils ne pouvaient
admettre que l’un d’eux pût agir avec perfidie à l’égard de leur divin
Maître. Pour quelle raison l’aurait-il trahi ? Et auprès de qui ? Chez
lequel d’entre eux un tel dessein aurait-il pu prendre naissance ? Cer-
tainement pas chez l’un des douze, qui, mieux que tous les autres,
avaient eu l’occasion d’entendre ses enseignements, avaient été l’ob-
jet de son amour extraordinaire, et à qui il avait fait l’honneur de les
admettre dans sa communion intime !
Quand ils eurent compris la portée des paroles du Christ, ils
furent saisis de crainte et de défiance en songeant à la véracité
constante de ses déclarations. Ils sondèrent leurs cœurs pour voir
si quelque pensée d’animosité à l’égard de leur Maître s’y trouvait
cachée. Ils demandaient l’un après l’autre, avec une émotion doulou-
reuse : “Seigneur, est-ce moi ?” Judas seul gardait le silence. Jean,
fort angoissé, finit par demander : “Seigneur, qui est-ce ?” Alors
Jésus répondit : “C’est celui pour qui je tremperai le morceau et à
qui je le donnerai.” “Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est
écrit de lui. Mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme
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est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme ne pas être né.” Les dis-
ciples s’étaient interrogés des yeux en demandant : “Seigneur, est-ce
moi ?” Le silence de Judas attira l’attention de tous. Au milieu de
la confusion provoquée par les questions et les expressions d’éton-
nement, Judas n’avait pas entendu les paroles prononcées par Jésus
en réponse à la question de Jean. Mais maintenant, pour échapper
3.
Jean 13 :11
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