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Jésus-Christ
nant le tentateur s’approchait pour la lutte finale, lutte formidable à
laquelle Satan s’était préparé pendant les trois années du ministère
du Christ. Tout était en jeu pour lui. S’il échouait maintenant, tout
espoir de domination était perdu pour lui ; les royaumes du monde
appartiendraient enfin au Christ ; Satan serait renversé et jeté dehors.
Mais s’il pouvait remporter la victoire sur Jésus, la terre deviendrait
son royaume et la race humaine serait pour toujours en son pouvoir.
En pensant aux conséquences possibles de la lutte, le Christ
redoutait une séparation d’avec Dieu. Satan lui disait que cette
séparation serait éternelle s’il devenait le garant d’un monde pécheur.
Il serait assimilé aux sujets du royaume de Satan et ne retrouverait
plus jamais la communion divine.
Et qu’avait-il à gagner par son sacrifice ? La faute et l’ingratitude
des hommes ne paraissaient-elles pas sans remède ? Satan dépeignait
au Rédempteur la situation sous son jour le plus sombre : le peuple
qui se croit au-dessus de tous les autres, à cause de ses avantages
temporels et spirituels, l’a rejeté. Il cherche à le détruire, lui qui est le
fondement, le centre et le sceau des promesses faites au peuple parti-
culier. L’un de ses propres disciples, qui a écouté ses instructions, et
qui a joué l’un des premiers rôles dans l’Eglise, va le trahir ; un autre,
des plus zélés, va le renier. Tous l’abandonneront. Le Christ reculait
d’effroi à cette pensée. Que ceux qu’il s’était efforcé de sauver et
qu’il avait tant aimés pussent devenir les complices de Satan, son
âme en était transpercée. La lutte était effroyable. La mesure en
était donnée par la culpabilité de sa nation, de ses accusateurs et
du traître, par la culpabilité d’un monde plongé dans l’iniquité. Les
péchés des hommes pesaient lourdement sur le Christ, qui se sentait
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écrasé par le sentiment de la colère dont Dieu frappe le péché.
Il voit le prix qu’il doit payer pour l’âme humaine. Dans son ago-
nie il contemple le sol nu, comme pour ne pas s’éloigner davantage
de Dieu. La froide rosée nocturne tombe sur son corps prosterné
sans qu’il y prête attention. De ses lèvres pâles jaillit ce cri plein
d’amertume : “Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne
de moi !” Cependant il ajoute immédiatement : “Toutefois, non pas
comme je veux, mais comme tu veux.”
Le cœur humain a besoin de sympathie quand il souffre. Le
Christ éprouvait ce besoin dans les profondeurs de son être. Dans
l’agonie suprême de son âme il s’approcha des disciples avec un