Gethsémané
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désir intense de recevoir quelque parole de consolation de ceux qu’il
avait si souvent réconfortés et protégés au sein de la douleur et de
la détresse. Celui qui, toujours, avait eu, pour eux, des paroles de
sympathie, endurait maintenant une agonie surhumaine, et il désirait
les voir prier pour lui et pour eux-mêmes. Combien la malignité du
péché lui paraissait grande ! Il était fortement tenté de laisser la race
humaine porter les conséquences de son propre péché et de garder,
lui, son innocence devant Dieu. Si seulement il se sentait compris et
apprécié par les disciples, il en serait fortifié.
S’étant levé péniblement, il vint, en chancelant, à l’endroit où
il avait laissé ses compagnons. Mais il “les trouva endormis”. S’il
les avait vus en prière, cherchant leur refuge en Dieu pour échapper
aux influences de Satan, il eût éprouvé un soulagement ; la fermeté
de leur foi l’eût réconforté. Mais ils n’avaient pas tenu compte de
l’avertissement réitéré : “Veillez et priez.” Tout d’abord, fort troublés
en voyant leur Maître, d’habitude si calme et si digne, en proie à une
douleur incompréhensible, ils avaient prié tandis que leurs oreilles
étaient frappées par les cris de l’homme de douleur. Ils n’avaient pas
l’intention d’abandonner leur Maître, mais ils semblaient paralysés
par une sorte de torpeur qu’ils auraient pu secouer s’ils avaient conti-
nué de plaider auprès de Dieu. Ils ne comprirent pas la nécessité de
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veiller et de prier avec ferveur afin de pouvoir résister à la tentation.
Immédiatement avant de se diriger vers le jardin, Jésus avait dit aux
disciples : “Vous trouverez tous une occasion de chute.” Ils avaient
assuré avec la dernière énergie, qu’ils étaient prêts à l’accompagner
en prison et à la mort. Ce pauvre Pierre, toujours plein de lui-même,
avait ajouté : “Quand tous trouveraient une occasion de chute, moi
pas
” Mais les disciples se fiaient à eux-mêmes ; malgré les conseils
du Christ, ils ne regardaient pas vers leur puissant soutien. C’est
ainsi qu’ils se trouvèrent endormis au moment où le Sauveur avait
le plus grand besoin de leur tendresse et de leurs prières. Pierre
lui-même dormait !
Jean, le disciple bien-aimé, qui s’était appuyé sur le sein de Jésus,
dormait, lui aussi ! L’amour que Jean avait pour son Maître aurait dû,
pourtant, le tenir éveillé ! A cette heure de douleur suprême il aurait
dû joindre ses ferventes prières à celles de son cher Sauveur. Le
3.
Marc 14 :27, 29
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