Page 646 - J

Basic HTML Version

642
Jésus-Christ
Rédempteur avait passé des nuits entières en prière pour que la foi
de ses disciples n’eût pas à défaillir. Si Jésus avait maintenant posé
cette question à Jacques et à Jean : “Pouvez-vous boire la coupe que
je vais boire ?” ils n’auraient pas osé répondre : “Nous le pouvons
Les disciples se réveillèrent en entendant la voix de Jésus, mais
c’est à peine s’ils purent le reconnaître, tant l’angoisse altérait son
visage. S’adressant à Pierre, Jésus dit : “Simon, tu dors ! Tu n’as pas
été capable de veiller seulement une heure ! Veillez et priez, afin de
ne pas entrer en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est
faible.” La faiblesse des disciples éveillait la compassion de Jésus. Il
craignait qu’ils ne fussent pas capables de supporter l’épreuve de la
trahison, et sa mort. Sans leur faire de reproche, il leur dit : “Veillez
et priez, afin de ne pas entrer en tentation.” Même dans cette grande
agonie, il cherchait une excuse à leur faiblesse. “L’esprit est bien
disposé, dit-il, mais la chair est faible.” Le Fils de Dieu fut ressaisi
par l’agonie et, défaillant, épuisé, il retourna, en chancelant, au point
qu’il venait de quitter. Sa souffrance était encore plus intense. Son
angoisse était telle que “sa sueur devint comme des grumeaux de
[692]
sang, qui tombaient à terre”. Les cyprès et les palmiers étaient les
témoins silencieux de son angoisse. Leur feuillage laissait tomber
une épaisse rosée sur son corps exténué comme si la nature pleurait
sur son Auteur, se débattant seul contre la puissance des ténèbres.
Peu de temps auparavant, Jésus avait semblé un cèdre puissant,
résistant à l’orage de l’opposition déchaînée contre lui. Des volontés
opiniâtres, des cœurs pleins d’une malice subtile, avaient cherché en
vain à le confondre et à l’accabler. Il s’était tenu debout, revêtu d’une
majesté divine, comme Fils de Dieu. Maintenant il était semblable à
un roseau battu et ployé par une violente tempête. Il s’était appro-
ché de la consommation de son œuvre en conquérant, remportant
à chaque pas une nouvelle victoire sur la puissance des ténèbres.
Comme s’il eût été déjà glorifié, il avait proclamé son unité avec
Dieu. Sa voix, maintenant, dans le silence du soir, n’avait pas des
accents de triomphe ; elle était pleine d’une angoisse toute humaine.
Ces paroles du Sauveur parvenaient aux oreilles des disciples assou-
pis : “Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non
pas ma volonté, mais que la tienne soit faite.”
4.
Matthieu 20 :22
.