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Gethsémané
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Les disciples auraient voulu aller vers lui ; mais il leur avait dit de
demeurer là, veillant et priant. Quand Jésus revint à eux, il les trouva
de nouveau endormis. Il ressentait un même besoin de compagnie ;
il désirait entendre de la part des disciples quelques paroles qui
pussent le soulager et dissiper les ténèbres qui l’accablaient. Mais
“leurs yeux étaient appesantis. Ils ne savaient que lui répondre.”
Réveillés par sa présence, ils virent son visage recouvert d’une sueur
sanglante, et ils en furent tout effrayés. Ils ne pouvaient comprendre
son angoisse. Il était un “sujet d’étonnement, tant son visage était
défait, méconnaissable ; tant son aspect différait de celui des autres
hommes
.
Jésus retourna vers sa retraite, et vaincu par l’horreur de ténèbres
profondes, tomba à genoux. A cette heure de l’épreuve, l’humanité
du Fils de Dieu était tremblante. En ce moment, il ne priait plus pour
que la foi des disciples ne défaillît point, mais pour sa propre âme
tentée et agonisante. Le moment redoutable était arrivé où devait se
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décider la destinée du monde. Le sort de l’humanité oscillait dans la
balance. Le Christ pouvait encore refuser de boire la coupe préparée
pour l’homme coupable. Il n’était pas trop tard. Jésus pouvait essuyer
la sueur sanglante de son visage et laisser périr l’homme dans son
iniquité. Il pouvait dire : Que le transgresseur subisse la peine de son
péché ; moi, je retournerai vers mon Père. Le Fils de Dieu allait-il
consentir à boire la coupe amère de l’humiliation et de l’agonie ?
L’innocent allait-il subir les conséquences de la malédiction du péché
pour sauver le coupable ? Les lèvres pâles et tremblantes de Jésus
murmurèrent ces paroles : “Mon Père, s’il n’est pas possible que
cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite !”
Trois fois il répéta cette prière. Par trois fois l’humanité de Jésus
a hésité devant le dernier sacrifice, le sacrifice suprême. Maintenant
l’histoire de la race humaine se présente à l’esprit du Rédempteur
du monde. Il voit qu’abandonnés à eux-mêmes les transgresseurs de
la loi sont destinés à périr. Il voit l’homme dans un état désespéré.
Il aperçoit la puissance du péché. Le malheur et les lamentations
d’un monde condamné se dressent devant lui. Sa décision est prise.
Il sauvera l’homme à n’importe quel prix. Il accepte le baptême
du sang, pourvu que des millions d’êtres humains obtiennent la vie
5.
Ésaïe 52 :14
.