Page 648 - J

Basic HTML Version

644
Jésus-Christ
éternelle. Il a quitté les parvis célestes, où tout est pureté, bonheur,
gloire, pour sauver l’unique brebis perdue, le seul monde qui soit
tombé dans le péché. Il ne renoncera pas à sa mission. Il deviendra
une victime de propitiation pour une race vouée au péché. Sa prière
ne respire plus que la soumission : “S’il n’est pas possible que cette
coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite !”
Ayant pris sa décision, il tomba inanimé sur le sol d’où il avait
essayé de se relever. Où étaient maintenant ses disciples, qui eussent
dû soutenir de leurs mains le Maître défaillant et baigner son visage
à l’aspect si différent de celui des autres hommes ? Le Sauveur était
seul à fouler au pressoir, et personne parmi les siens n’était avec lui.
[694]
Mais Dieu partageait les souffrances de son Fils. Les anges
contemplaient l’agonie du Sauveur, entouré de légions diaboliques
et en proie à un effroi mystérieux qui le faisait frissonner. Le silence
régnait dans le ciel. Aucune harpe ne vibrait. Si les mortels avaient
pu voir l’étonnement et la douleur silencieuse de l’armée angélique
alors que le Père retirait de son Fils bien-aimé ses rayons de lumière,
d’amour et de gloire, ils comprendraient mieux combien le péché
lui est odieux.
Les mondes qui n’ont pas connu le péché et les anges du ciel
ont assisté avec un intérêt passionné à la fin du conflit. Satan et ses
confédérés, les légions de rebelles, ont également assisté avec le
plus grand intérêt à cette crise de l’œuvre de la rédemption. Les
puissances du bien et du mal attendaient anxieusement la réponse de
Dieu à la prière du Christ, trois fois répétée. Des anges avaient désiré
apporter un soulagement à cet Etre divin qui souffrait, mais cela ne
pouvait se faire. Aucune issue ne s’ouvrait devant le Fils de Dieu.
Pourtant au plus fort de cette crise effroyable où tout était en jeu,
alors que la coupe mystérieuse tremblait dans la main de l’homme de
douleur, les cieux s’ouvrirent enfin, une lumière resplendit à travers
les ténèbres de cette heure unique, et l’ange puissant qui occupe,
en la présence de Dieu, la position d’où Satan a été exclu, vint se
placer à côté du Christ. Cet ange ne venait pas pour enlever la coupe
des mains du Christ, mais pour le fortifier, afin qu’il pût la boire,
en lui donnant l’assurance de l’amour de son Père. Il venait pour
donner des forces à l’Etre divin et humain qui était en prière. Il lui
montra le ciel ouvert et lui parla des âmes qui seraient sauvées par
ses souffrances. Il lui rappela que son Père est plus puissant que