Page 650 - J

Basic HTML Version

646
Jésus-Christ
L’ange se retira et la lumière s’évanouit. Jésus avait l’occasion de
s’enfuir, mais il resta calme et maître de lui-même. Il se tenait, glori-
fié, au milieu de cette bande endurcie, étendue sans force à ses pieds.
[696]
Les disciples regardaient, muets de saisissement et d’épouvante.
Soudain la scène changea d’aspect. La foule se releva. Les
soldats romains, les prêtres, avec Judas, se rassemblèrent autour
du Christ. Ils paraissaient honteux de leur faiblesse, et craignaient
que Jésus ne voulût s’échapper. Le Rédempteur renouvela sa ques-
tion : “Qui cherchez-vous ?” Tout prouvait que celui qui se tenait
devant eux était le Fils de Dieu, mais ils ne voulaient pas se laisser
convaincre. Ils répondirent encore une fois : “Jésus de Nazareth.”
Alors Jésus reprit : “Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi
que vous cherchez, laissez partir ceux-ci”, et ce disant il montrait les
disciples. Sachant combien leur foi était faible, il s’efforçait de leur
épargner la tentation et l’épreuve. Il était prêt à se sacrifier pour eux.
Judas n’oublia pas son rôle de traître. C’est lui qui, suivi de près
par le souverain sacrificateur, avait introduit la foule dans le jardin.
Il avait donné ce signe à ceux qui poursuivaient Jésus : “Celui à qui
je donnerai un baiser, c’est lui : saisissez-le
” Maintenant il feignait
de ne rien avoir de commun avec eux. S’approchant de Jésus, il lui
prend familièrement la main, comme un ami. Il le baise plusieurs
fois en lui disant : “Salut, Rabbi !” et il simule pleurer de sympathie
pour lui, dans le danger.
Jésus lui dit : “Ami, ce que tu es venu faire, fais-le.” Et sa voix
vibrait de douleur, tandis qu’il ajoutait : “Judas, c’est par un baiser
que tu livres le Fils de l’homme !” Un tel appel aurait dû réveiller la
conscience du traître, toucher son cœur obstiné ; mais tout sentiment
d’honneur, de loyauté, et de tendresse humaine l’avait abandonné. Il
se montrait hardi, avec un air de défi, ne manifestant aucune disposi-
tion à revenir en arrière. Il s’était donné à Satan, et n’avait plus de
force pour lui résister. Jésus ne refusa pas le baiser du traître.
La foule s’enhardit quand elle vit que Judas osait toucher la
personne de celui qui venait de se montrer glorifié à leurs yeux. On
se saisit alors de Jésus, et on se mit en devoir de lier ces mains qui
avaient été sans cesse occupées à faire du bien.
[697]
6.
Matthieu 26 :48
.