Page 103 - La Trag

Basic HTML Version

Chapiter 6 — Hus et Jérôme
99
on recueillit ses cendres, et on les jeta dans le Rhin comme on l’avait
fait pour celles de Hus.
Ainsi mouraient les fidèles témoins du Dieu vivant. Mais la lu-
mière des vérités qu’ils avaient proclamées — leur héroïque exemple
— ne pouvait être éteinte. Pas plus qu’il ne leur était possible d’em-
pêcher le soleil de poursuivre sa course, les hommes ne pouvaient
arrêter l’aurore qui commençait à poindre sur le monde.
L’exécution de Hus avait soulevé en Bohême une vague d’indi-
gnation et d’horreur. Toute la nation avait le sentiment qu’il avait été
victime de la malignité des prêtres et de la trahison de l’empereur.
On le tenait pour un fidèle témoin de la vérité ; le concile qui avait
décrété sa mort fut accusé de meurtre ; sa doctrine attirait maintenant
plus que jamais l’attention. L’édit papal avait condamné au feu les
écrits de Wiclef. Mais ceux qui avaient échappé à la destruction
[121]
étaient retirés de leurs cachettes et comparés avec les Ecritures ou
avec les fragments du saint Livre que l’on pouvait se procurer ; et
ainsi plusieurs étaient amenés à la foi réformée.
Les meurtriers de Hus n’assistèrent pas les bras croisés au
triomphe de sa cause. Le pape et l’empereur unirent leurs forces
pour écraser le mouvement, et les armées de Sigismond se ruèrent
sur la Bohême.
Mais un libérateur parut. Ziska, chef des Bohémiens, qui fut
frappé de cécité peu après l’ouverture des hostilités, était l’un des
plus grands capitaines de son siècle. Comptant sur l’assistance de
Dieu et la justice de sa cause, ce peuple résista aux plus puissantes
armées dirigées contre lui. A plusieurs reprises, l’empereur envahit
la Bohême avec de nouvelles troupes, mais pour se faire battre à
plate couture. Les hussites s’étaient élevés au-dessus de la crainte
de la mort, et rien ne pouvait leur résister. Quelques années plus
tard, le brave Ziska mourut et fut remplacé par Procopius, capitaine
également brave et habile, et, sous certains rapports, supérieur au
premier.
Apprenant la mort du général aveugle, les ennemis des Bohé-
miens jugèrent le moment propice pour regagner tout le terrain perdu.
Le pape proclama une croisade contre les hussites et, derechef, une
immense armée envahit la Bohême, mais pour aller, une fois de
plus, au-devant d’une sanglante défaite. Une nouvelle croisade fut
organisée. On leva des hommes et on se procura de l’argent, des