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La Tragédie des Siècles
mourut, après un an de règne, il léguait à la postérité un nom marqué
d’infamie et son royaume était menacé par la guerre civile.
Les divisions, les tumultes et les effusions de sang se prolon-
gèrent. Des armées étrangères envahirent encore la Bohême, et la
nation continua d’être bouleversée par des luttes intestines. Ceux
qui étaient restés fidèles à l’Evangile furent en butte à une sanglante
persécution.
Voyant que les erreurs de Rome étaient adoptées par ceux de
leurs anciens frères qui avaient fait un pacte avec elle, les adhérents
de l’antique foi constituèrent une Eglise distincte qui prit le nom
d’“Eglise de l’Unité des Frères”. Exposés aux anathèmes de tous les
partis, ils demeurèrent inébranlables. Contraints d’aller chercher un
refuge dans les bois et dans les cavernes, ils n’en continuèrent pas
moins de se réunir pour adorer Dieu et lire sa Parole.
Par des messagers qu’ils avaient envoyés secrètement en divers
pays ils apprirent qu’il y avait çà et là, dans diverses villes, “des
témoins isolés de la vérité exposés comme eux à la persécution, et
qu’il existait dans le massif alpestre une ancienne Eglise bâtie sur
le fondement des saintes Ecritures et protestant contre l’idolâtrie
romaine
. Ils accueillirent cette nouvelle avec une grande joie, et
ils entrèrent en correspondance avec les chrétiens vaudois.
Fermement attachés à l’Evangile, les Bohémiens continuèrent,
sous les plus sombres persécutions, de tenir les regards fixés vers
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l’horizon, comme attendant les premières lueurs du jour. “Appelés
à vivre à une époque malheureuse, ils se souvenaient des paroles
de Hus répétées ensuite par Jérôme, qu’un siècle devait s’écouler
avant l’apparition de la lumière du matin. Ces paroles furent pour
les Taborites (les hussites) ce que celles de Joseph avaient été pour
les douze tribus pendant leur servitude : “Je vais mourir ; mais Dieu
vous visitera certainement, et il vous fera remonter de ce pays
””
“La fin du quinzième siècle fut témoin de l’accroissement lent mais
constant des églises des Frères. Loin d’être libres, ceux-ci jouirent
néanmoins d’un repos relatif. Au commencement du seizième siècle,
ils comptaient deux cents congrégations en Bohême et en Moravie
1.
Wylie, liv. III,
, chap. XIX.
1.
Wylie, liv. III,
, chap. XIX.
2. Gillett,
Life and Times of John Huss 2 :570
.