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Chapiter 6 — Hus et Jérôme
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vant une faible et petite phalange. Ces terreurs surnaturelles des
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envahisseurs révélaient une manifestation de la puissance divine.
Celui qui avait précipité l’armée de Pharaon dans la mer Rouge,
mis en fuite les troupes de Madian devant Gédéon et ses trois cents
hommes, et détruit en une nuit les forces de l’orgueilleux Assyrien,
avait de nouveau étendu sa main pour abattre la puissance de l’op-
presseur. “Alors ils trembleront d’épouvante, sans qu’il y ait sujet
d’épouvante ; Dieu dispersera les os de ceux qui campent contre toi ;
tu les confondras, car Dieu les a rejetés
Désespérant de vaincre par la force, les chefs de l’Eglise eurent
recours à la diplomatie. On proposa un compromis qui, tout en
concédant apparemment aux hussites la liberté de conscience, les
livrait au pouvoir de la papauté. Les Bohémiens mirent quatre condi-
tions à la paix avec Rome : la libre prédication de la Parole de Dieu
et l’usage de leur langue maternelle dans le culte ; la communion
sous les deux espèces pour toute la congrégation ; l’exclusion du
clergé de toutes fonctions administratives et gouvernementales ; en-
fin, en cas de crime, clercs et laïques devaient tous relever des mêmes
tribunaux. Le clergé finit par “souscrire aux quatre conditions des
hussites, mais en déclarant que le droit de les définir et d’en déter-
miner le sens exact serait l’affaire du concile, c’est-à-dire du pape et
de l’empereur
. C’est sur cette base qu’un traité fut conclu ; Rome
obtenait ainsi par dissimulation et par fraude ce qu’elle n’avait pu
obtenir par la force : ayant la liberté de fixer le sens des articles, elle
allait évidemment leur donner celui qui répondait à ses vœux.
Un parti nombreux, voyant la liberté en danger, ne put souscrire
à l’accord. Des dissensions intestines et des divisions s’ensuivirent,
qui amenèrent des conflits armés. Dans ces luttes, le noble Procopius
tomba, et avec lui périrent les libertés de la Bohême.
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Sigismond, qui avait trahi Hus et Jérôme, devint alors roi de
Bohême. Malgré son serment de défendre les droits de ce pays,
il voulut y établir la papauté. Mais sa complaisance envers Rome
ne lui fut guère profitable. Pendant vingt ans, il avait dû affronter
sans cesse toutes sortes de périls. Ses armées avaient été décimées
et ses finances épuisées par une lutte longue et stérile. Lorsqu’il
1.
Psaumes 53 :6
.
2. Wylie, liv. III, chap. XVIII.