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Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
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La pauvreté de ses parents obligea le jeune Luther — qui avait
quitté la maison paternelle pour aller étudier dans une autre ville
— à chanter devant les maisons, pour obtenir de la nourriture et de
l’argent. Les moroses superstitions de l’époque à travers lesquelles
il envisageait l’avenir jetaient l’effroi dans son cœur. Et c’est en
tremblant, en proie à une terreur constante, qu’il se représentait Dieu
— non comme un tendre Père céleste — mais comme un être sévère,
un juge impitoyable, un cruel tyran.
En dépit de tant d’obstacles et de causes de découragement, il
allait hardiment de l’avant à la conquête de l’idéal moral et intel-
lectuel vers lequel il se sentait attiré. Sa soif de connaissances et
la tournure pratique de son esprit lui faisaient préférer le solide et
l’utile au clinquant et au superficiel.
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Entré à dix-huit ans à l’Université, il vit sa condition s’améliorer
considérablement, et ses perspectives devenir meilleures. Grâce à
leur savoir-faire et à leur industrie, ses parents avaient acquis une
honnête aisance et purent dès lors subvenir à tous ses besoins. De
plus, l’influence d’amis judicieux avait heureusement atténué la
tendance au pessimisme qu’il devait à sa première éducation. S’ap-
pliquant à l’étude des bons auteurs, il s’appropria leurs meilleures
pensées et fit sienne la sagesse des sages. Très tôt, sous la dure disci-
pline de ses anciens maîtres, il avait fait naître de grandes espérances.
Mais lorsqu’il se trouva dans une ambiance favorable, son esprit se
développa rapidement. Une excellente mémoire, une imagination
vive, une grande force de raisonnement et une application inlassable
le distinguèrent bientôt au milieu de ses condisciples. La discipline
de l’école mûrit son jugement et le prépara en vue des conflits qui
l’attendaient.
La piété naïve et précoce qui réchauffait son jeune cœur l’ar-
mait de persévérance dans ses desseins et lui inspirait une sincère
humilité. Constamment conscient de son besoin des directions et
du secours d’en haut, il commençait chacune de ses journées par la
prière et vivait dans une attitude d’intercession. “Bien prier, avait-il
coutume de dire, est plus qu’à moitié étudier
En parcourant la bibliothèque de l’Université, Luther y trouva un
exemplaire des saintes Ecritures en latin. Jamais il n’avait vu ce livre.
1. Voir Appendice.