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Chapiter 7 — Luther se sépare de Rome
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tous ses efforts, il n’éprouva aucun soulagement et se trouva bientôt
aux confins du désespoir.
C’est alors que Dieu lui suscita un ami secourable en la per-
sonne du pieux Staupitz, le supérieur des Augustins, qui l’aida à
comprendre la Parole de Dieu et le supplia de ne plus contempler
le châtiment dû au péché, mais de regarder à Jésus, son Sauveur,
prêt à pardonner. “Au lieu de te martyriser pour tes fautes, lui dit-il,
jette-toi dans les bras du Rédempteur. Confie-toi en lui, en la justice
de sa vie et en sa mort expiatoire. ... Il est devenu homme pour te
donner l’assurance de la faveur divine. ... Aime Celui qui t’a aimé le
premier !”
Ces paroles firent une profonde impression sur Luther. Après
bien des luttes contre les erreurs qu’il avait si lontemps caressées, il
finit par saisir la vérité, et le calme entra dans son âme angoissée.
Luther reçut les ordres, et fut appelé à quitter le couvent pour
aller occuper une chaire de professeur à l’université de Wittenberg
où il enseigna les saintes Ecritures dans les langues originales. Puis,
dans un cours public, il se mit à commenter la Bible, en prenant
successivement le livre des Psaumes, les évangiles et les épîtres.
Des foules d’auditeurs émerveillés venaient l’écouter. Staupitz, à la
fois son ami et son supérieur, l’engageait à monter en chaire. Luther
hésitait, se sentant indigne de prêcher la Parole de Dieu à la place et
au nom de Jésus-Christ. Ce ne fut qu’après une longue résistance
qu’il céda aux pressantes sollicitations de ses amis. Déjà puissant
dans les saintes Lettres, il captivait ses auditeurs par son éloquence ;
la clarté et la force avec lesquelles il présentait la vérité portaient la
conviction dans les esprits, et sa ferveur touchait les cœurs.
Fils dévoué de l’Eglise romaine, Luther n’avait aucune intention
d’être autre chose. Il entrait dans les desseins de Dieu qu’il fût
appelé à se rendre à Rome. Il fit ce voyage à pied, logeant dans
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les monastères qu’il trouvait sur sa route. En Italie, s’étant arrêté
dans un couvent, il fut surpris par la richesse, la magnificence et le
luxe qui s’y étalaient. Jouissant de revenus princiers, les religieux
habitaient des palais, portaient des soutanes opulentes et s’asseyaient
à une table somptueuse. Le moine de Wittenberg était peiné de voir
le contraste entre ce spectacle et sa vie de labeurs et de renoncement.
Il devenait perplexe.