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Chapiter 8 — Luther à la diète de Worms
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convaincus de la vérité ; mais, pour beaucoup, les impressions reçues
ne furent pas durables. D’autres n’exprimèrent pas immédiatement
leur conviction, mais, sondant plus tard les Ecritures, devinrent de
courageux soutiens de la Réforme.
L’électeur Frédéric, qui n’avait pas attendu sans inquiétude la
comparution de Luther devant la diète, avait écouté son discours
avec une profonde émotion. Avec une joie mêlée d’orgueil, il avait
contemplé le courage, la fermeté et la maîtrise du jeune docteur, et il
avait pris la résolution de le défendre avec plus d’énergie. Comparant
les partis en présence, il avait constaté que la sagesse des papes, des
rois et des prélats avait été confondue par la puissance de la vérité.
La papauté venait d’éprouver une défaite dont les conséquences
allaient se faire sentir dans tous les pays et dans tous les siècles à
venir.
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Voyant l’impression causée par la défense de Luther, le légat du
pape craignit plus que jamais pour la puissance de son Eglise et se
promit de tenter l’impossible pour faire disparaître le réformateur.
Avec toute l’éloquence et l’habileté diplomatique dont il était si
éminemment doué, il représenta au jeune empereur la folie qu’il y
aurait à sacrifier la puissante amitié du pape à la cause d’un obscur
religieux.
Ses paroles ne restèrent pas sans effet. Le lendemain de la ré-
ponse de Luther, l’empereur fit présenter à la diète un message
annonçant sa détermination de soutenir et protéger la religion catho-
lique comme l’avaient fait ses prédécesseurs. Etant donné que Luther
avait refusé de renoncer à ses erreurs, il allait recourir aux mesures
les plus rigoureuses contre lui et contre les hérésies qu’il enseignait.
“Un seul moine, disait-il, égaré par sa propre folie, s’élève contre
la foi de la chrétienté. Je sacrifierai mes royaumes, ma puissance,
mes amis, mes trésors, mon corps, mon sang, mon esprit et ma vie
pour arrêter cette impiété. Je vais renvoyer l’augustin Luther, en lui
défendant de causer le moindre tumulte parmi le peuple ; puis je
procéderai contre lui et ses adhérents, hérétiques impénitents, par
l’excommunication, par l’interdit, et par tous les moyens propres
à les détruire. Je demande aux membres de tous les Etats de se
conduire comme de fidèles chrétiens.”